Un cerveau plus jeune, plus longtemps, ça commence à 40 ans
Même s’il n’existe pas de recette miracle, des chercheurs donnent des pistes encourageantes afin de stimuler nos facultés cognitives.
C’est inéluctable. Le cerveau commence à vieillir dès l’âge de 30 ans. Il perd alors environ 2 % de son volume tous les dix ans, et le phénomène s’accélère après la soixantaine. Pas de panique ! Si « on ne sait pas encore retarder le vieillissement cérébral, on peut alléger voire retarder ses symptômes », positive le Pr Yves Agid. Selon ce neurologue, cultiver les bonnes habitudes au bon moment, dès 40 ans, musclera les performances de cet organe majeur.
« Entre 0 et 20 ans, le poids du cerveau quadruple : les connexions nerveuses se multiplient de manière exponentielle », explique le scientifique, auteur de Je m’amuse à vieillir. Le cerveau, maître du temps (Odile Jacob). Selon lui, il n’y a pas de perte de neurones au cours du processus de vieillissement normal, sauf en cas de maladie dégénérative, comme Parkinson ou Alzheimer. Cependant, les connexions neuronales s’altèrent. D’où la nécessité de favoriser les activités qui stimulent ce réseau stratégique.
« La santé du cerveau est un placement à long terme. Comportements, expériences et choix en matière d’hygiène de vie peuvent le façonner à tout âge », abonde la psychologue Sabina Brennan, qui vient de publier 100 jours pour un cerveau plus jeune et actif (Vuibert). Dans cet ouvrage, conçu à la manière d’un cahier de coaching, la chercheuse à l’institut des neurosciences du Trinity College de Dublin propose un programme au quotidien et sur mesure : sommeil, engagement social, activité mentale, santé cardiaque, attitude… L’objectif : constituer et entretenir sa « réserve cognitive ». En effet, rechargeable tout au long de la vie, elle optimiserait les performances cérébrales, et protégerait nos fonctions cognitives contre les lésions, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et même les maladies comme la sclérose en plaques, qui peuvent frapper les adultes à tout âge.
Si certains jeux de cartes et de société complexes peuvent apporter des bénéfices (poker, échecs, backgammon…), les exercices spécifiques fleurissent (aérobic cérébral, mind mapping, Gym cerveau, dual n-back…). « Attention toutefois aux miroirs aux alouettes, prévient le Pr Agid. Applis, régimes, poudre de perlimpinpin… Tout cela a été testé, il n’y a pas d’effet miracle. » Pour favoriser la fameuse neuroplasticité, le spécialiste vante avant tout une interaction sociale soutenue et une activité physique sous toutes ses formes. « Ce qui est bon pour le corps est bon pour le cerveau », renchérit le Dr Brennan. Le sport consolide les connexions neuronales, la mémoire, l’attention et la vitesse de traitement de l’information. Les experts recommandent notamment les exercices d’aérobic soutenus et la course d’endurance, idéalement enrichie de séquences en fractionné.
Tout aussi essentiel aux méninges, l’équilibre alimentaire. « Manquer d’oméga-3 peut générer des troubles de la mémoire. Un déficit en vitamine B12 peut ressembler à une atteinte cognitive. La déshydratation chronique fait le lit de l’hypertension artérielle et de l’AVC », énumère la chercheuse. Il faut donner la priorité, donc, aux légumes frais et colorés, qui sont riches en antioxydants, aux fruits secs et aux céréales complètes, aux poissons gras et aux huiles de première pression à froid.
Autre ennemi à surveiller : le stress sous toutes ses formes, qu’il soit physique (manque de sommeil, tabac, alcool, régime trop riche en sucres, en mauvaises graisses…) ou nerveux. Mais n’oublions pas l’ingrédient indispensable : le plaisir. « Il s’agit de pratiquer tout cela en s’amusant, et avec une certaine philosophie », précise le Pr Agid. « Penser positif » augmenterait de 30 % les performances du cerveau.