Dimitri Huet : « Dans le muscadet, je suis un OVNI »
Totalement étranger à la viticulture il y a encore deux ans, ce Nantais de 39 ans a vendangé sa première cuvée samedi dernier. Ses 30 premiers ares. En parallèle, il parfait sa connaissance du métier tout au long de l’année dans diverses exploitations, dont celle de Stéphane Orieux. Le Valletais l’accompagne dans sa future installation. « Dans 5 ans », espère-t-il.
Vallet. Audacieux. Dimitri Huet l’est. Il y a deux ans, il participait à ses premières vendanges. Il venait d’entamer un BPA (brevet professionnel agricole) avec la chambre d’agriculture. Aujourd’hui, il va mettre en bouteilles sa première cuvée de muscadet. Ce Nantais « pur beurre » espère vivre de ce métier dans 5 ans. Petit retour en arrière. C’est par des études en dessin industriel que le garçon démarre sa carrière post-bac. Né en 1978, il fait partie de ceux qui ont rendez-vous avec l’armée. Il fait donc son service militaire pour s’en débarrasser. Puis «à la dèche » , il trouve un premier emploi dans la grande distribu- tion. Ses missions le mèneront à peu près dans toutes les tailles, tous les types (drive) et toutes les enseignes. Jusqu’à diriger un supermarché discount en centreville de Nantes.
Le Valletais Stéphane Orieux comme tuteur
Un peu épuisé par cette vie, il veut changer d’air. « J’ai alors entamé une reconversion professionnelle » , lance- t- il. « Le vin m’intéressait. J’ai pensé devenir caviste mais j’ai vu la concurrence. J’ai alors discuté avec des vignerons et l’idée a germé » . A tel point qu’il contacte la chambre d’agriculture et démarre une pré-qualification agricole. Son premier stage le mène au Landreau, chez Alain Couillaud. « Ça m’a conforté dans mon projet. Celui de travailler dans la viticulture. Et pourquoi pas un jour m’installer. » C’est à ce moment qu’il rencontre Stéphane Orieux. Le vigneron valletais, un des premiers à avoir entamé une conversion bio dans le muscadet, il y a une vingtaine d’années, est amusé par le discours du trentenaire. « J’apporte une autre vision des choses. Moins technique mais plus commercial. C’est pour cela que je suis complémentaire avec Stéphane. On se rejoint aussi sur la façon de travailler, respectueuse de la nature, explique-t-il. J’ai aussi plus de recul. Je ne me mets pas la pression. La profession cherche de la relève. C’est bénéfique pour tous. Certains m’ont déjà encouragé. Ça fait plaisir » .
« Avec la gnac, on peut tout faire »
Dimitri Huet reconnaît toutefois ses lacunes. Son expérience se résume principalement au travail dans la vigne. « Je suis un OVNI. Quand ils parlent, entre confrères, de vinification ou autre, c’est parfois du charabia. J’ai tout à apprendre. Comme dans la grande distribution. Quand je suis entré, je ne connaissais rien. Puis un jour, j’ai eu mon propre magasin » , lance-t-il. « Avec la gnac et l’envie, on peut tout faire » . Car les deux ans passés aux Touches lors de son BPA l’ont convaincu de poursuivre. Et même à exploiter 30 ares, même s’ils n’ont pas été faciles à trouver. Les vignes ont été vendangées samedi dernier avec une bande d’amis. « C’est un test pour voir si je suis capable de franchir ce palier. Le mérite n’est pas grand. J’utilise le matériel de Stéphane. Je n’engage que 3 000 €. On verra la suite si c’est concluant » . En tout cas, les 1 000 bouteilles de Coudray du garage, en référence au clos qui surplombe la carrière, sont déjà assurées d’être vendues. L’étiquette a été soigneusement préparée. Des tee-shirts ont même été confectionnés. En bon spécialiste du marketing. Dimitri Huet espère agrandir sa surface l’an prochain. « D’un hectare sur Gorges » , lancet-il. Son objectif est d’en vivre dans cinq ans. Il y croit. Même si en gardant des contacts dans la grande distribution qui lui attribue encore quelques missions, il a un plan B, pour lui, l’avenir est dans le muscadet.