Insulte raciste au supermarché : le retraité condamné
Un septuagénaire de Vertou a été condamné début septembre par le tribunal correctionnel de Nantes à payer une amende de 300 € au Trésor public, après avoir lancé une insulte raciste à une cliente du supermarché de la ville, le 12 décembre 2015. Cet ancien chauffeur de bus de 77 ans devra verser 250 € de dommages et intérêts à sa victime.
Vertou. La scène s’était produite vers 11 h du matin en ce mois de décembre 2015. Le prévenu avait d’abord doublé la plaignante dans une file d’attente, juste derrière les caisses, pour remplir un bulletin d’inscription à un jeu-concours organisé par le supermarché. Devant la réprobation de sa victime et de la femme qui était devant lui, il s’était alors vivement emporté. « Il m’a regardé méchamment, en me disant que j’étais une sale Noire » , a rapporté à l’audience la victime, en réalité d’origine sud-américaine.
« Je ne suis pas raciste, j’ai transporté des Noirs »
« J’ai été très choquée et très vexée » , a ajouté cette femme. « Si j’ai décidé de porter plainte, c’est simplement pour faire mon devoir de citoyen. » La plaignante avait en effet demandé uniquement 500 € de dommages et intérêts, pour les séances non remboursées chez un psychologue qu’elle a dû suivre après cette « espèce d’agression raciale » .
Le parquet avait initialement envisagé un simple rappel à la loi. Mais le retraité s’était montré « très véhément » dans le bureau du procureur. « Manifestement, chez lui, le sens de la loi ne passe pas » , a déploré à l’audience la substitut du procureur, qui avait demandé au tribunal de prononcer une peine d’amende de 300 €. Le retraité, à la barre, a simplement reconnu avoir doublé la plaignante car il était « pressé » . Mais il a nié fermement toute injure raciste. « Qui c’est qui vous a dit ça ? C’est la Noire ? » , a-t-il ainsi spontanément demandé à la présidente du tribunal… provoquant la consternation des magistrats. « Enfin… la soi-disant victime, je veux dire » , s’est-il alors repris. « Je ne suis pas raciste : pendant trentequatre ans, j’ai transporté des Noirs et des Arabes dans mes cars » , a-t-il cru bon d’ajouter. « En plus, j’ai une femme de ménage noire. C’est une Sénégalaise. Si j’étais raciste, elle n’aurait pas pu travailler dans ma maison. » Ce retraité, jusqu’alors inconnu de la justice, a accusé à voix haute la plaignante de « se faire de l’argent sur le dos du Blanc » … alors que les juges étaient partis délibérer. Pour ces faits, il encourait jusqu’à un an de prison.