Belvédère : vue vertigineuse sur la Maine
L’architecte Emmanuel Ritz était à ChâteauThébaud, la semaine dernière, pour présenter le projet de belvédère, commandé par le Voyage à Nantes et la communauté d’agglomération. Cet équipement de 75 mètres de long, fixé à l’éperon granitique derrière la mairie, surplombera la Maine. Vision à 360 °C de la vallée, à 40 mètres de haut. Il ouvrira en juillet 2018.
Château-Thébaud. C’est un projet à l’esprit « julevernien » . Comme un peu tout ce qui se fait au Voyage à Nantes. Lequel investit de plus en plus le Vignoble nantais (champ des producteurs, bac à chaîne, route touristique en 11 étapes…). Le belvédère de Château-Thébaud est un projet singulier. Ce lieu confidentiel ne propose qu’un panorama réduit de la vallée de la Maine, derrière la mairie. Son petit frère aura une autre dimension.
23 tonnes en acier rouillé
Il s’agit d’une flèche de 75 mètres - 25 mètres si on ne compte que la partie au-dessus du vide -, qui offrira une vue complète sur cet espace encaissé qui abrita jadis une ancienne carrière, aujourd’hui transformée en base de canoë et mur d’escalade. Pont-Caffino est 40 mètres plus bas. Ce demipont sera conçu en corten. Cet acier auto-patiné a pour principale priorité : sa résistance aux conditions atmosphériques. « Disons qu’il utilise cellesci pour lui donner un aspect rouillé » , précise Emmanuel Ritz, architecte* retenu pour réaliser, comme le considère le Voyage à Nantes, « cette oeuvre d’art » et venu la présenter aux habitants de la commune, dans la salle de la Tour, la semaine dernière. « Même s’il venait à être tagué, il refabriquerait luimême sa patine. En résumé, et ce n’est pas parce que nous sommes dans le muscadet : comme le vin, il vieillit bien » .
Même avec une épaisseur sous les pieds, comme pour les garde-corps, de 5 millimètres, le futur bébé en tôle mécanosoudé pèsera 23 tonnes. Il sera conçu en atelier avant d’être acheminé sur site grâce à une grue spéciale. L’installation est programmée avant l’été 2018. Après les tests de solidité (l’équipement sera rempli d’eau pour s’assurer de sa résistance). Cette flèche en l’air ira en se rétrécissant pour terminer avec une largeur de 1,50 m en toute extrémité, suffisant pour qu’un fauteuil roulant fasse demi-tour. Le visiteur ne sera alors protégé que par un parapet en verre d’1,10m. Vertigineux. « On a un site splendide avec une falaise granitique qui change de couleurs dans la journée, selon les saisons… Mais aussi avec une rivière qui a tout creusé, raconte, séduit, le Lyonnais. Les aménagements touristiques passent par les points de vue. Il suffit d’observer ce qu’ont fait les pays scandinaves avec leurs fjords. Sur 8 000 km de route, ils ont un belvédère tous les 100 km : cela fait leur réputation » .
Un abri, des lumières…
Le professionnel a peaufiné le projet en imaginant un petit abri avec un banc, aux trois quarts du cheminement. « C’est plus sympa quand il pleut. C’est aussi rassurant d’avoir un toit. Surtout si certains ont un peu le vertige » , explique Emmanuel Ritz. Voulant l’ouvrir à tous et tout le temps, l’architecte n’a pas prévu de fermeture nocturne. Au contraire, un ruban de leds lui donnera une autre atmosphère la nuit tombée. Outre l’éclairage, une façade spéciale côté aval évitera les vues sur les propriétés. Les jardins de la mairie seront relookés. L’aire de stationnement sera supprimée et l’espace végétalisé. Pour être en accord avec la vallée de la Maine. Ce voyage au centre de la rivière pourrait être un clin d’oeil au célèbre romancier nantais.
* On lui doit le belvédère de la Grande Mollière et le refuge de l’Arpont en Savoie, ainsi que le belvédère du Révard à Chambéry.