Atout composites : le sur-mesure reste sa spécialité
L’entreprise clissonnaise fête ses 20 ans en 2017. Née dans un atelier à Aigrefeuille-sur-Maine, Atout composites s’est développée dans la zone industrielle de Tabari. Plans-vasques, lavabos, paillasses, tables à langer et autres équipements pour salles de bain et sanitaires sont conçus par les 28 salariés de la PME. Reprise il y a cinq ans par Philippe Racapé, issue du monde bancaire, elle a diversifié son activité et fait le dos rond pendant la crise. Sa spécialité reste le sur-mesure. Elle représente 60 % des commandes.
Clisson. Si elle a fait râler bon nombre de collectivités et de propriétaires de locaux recevant du public, la loi Handicap de 2005 aura permis à certaines entreprises de se réjouir durant une période 2008-2015 dans le bâtiment peu propice aux commandes. La mise aux normes de l’accessibilité de ces établissements a eu aussi son effet chez Atout composites. La société clissonnaise, spécialisée dans la fabrication de mobilier en résine de polyester et fibre de verre, a par exemple décroché un contrat pour livrer des vasques et lavabos adaptés à tous les salariés pour les vestiaires et toilettes de 80 magasins Décathlon. Idem avec Lidl. De nombreuses mairies ont également passé commande pour les sanitaires de leurs écoles : « Du coup, on a sorti un nouveau produit, une auge - c’est le terme officiel - pouvant aller jusqu’à 4 mètres » , indique Philippe Racapé, directeur de la société. Là aussi, en raison de la nécessité de la mise aux normes.
Un patron qui, s’il n’a pas révolutionné l’activité de son entreprise, a souhaité revoir sa dépendance aux acteurs de la santé. « Equiper les maisons de retraite et les hôpitaux, c’était 85 % de notre activité. Ce n’est plus que 50 % » , indique celui qui ne regrette pas de s’être lancé dans cette aventure après avoir passé 17 ans en banque comme conseiller aux entreprises. L’autre moitié de l’activité est liée aux éta- blissements scolaires, le commerce (ayant des sanitaires), le tertiaire… « Avec le bureau d’études (4 personnes), il a fallu innover. Par exemple, en proposant de la couleur dans les vasques pour que les contrastes bénéficient aux malvoyants ou en proposant des angles moins arrondis et plus droits » , complète Philippe Racapé. Des détails qui ouvrent de nouvelles perspectives.
Chez Atout composites, les commandes sont parfois insolites. Comme celles des clubs de rugby de Brive et de foot de l’ASSE Saint-Etienne pour avoir une baignoire afin de pratiquer la cryothérapie (traitement par le froid - air nitrogéné à moins 150 °C ou eau glacé - pour calmer les douleurs telles que les entorses, tendinites, claquages musculaires). Ces demandes spécifiques sont légion dans l’atelier de 1 300 m2. « 60 % de notre activité, c’est du surmesure, voire de l’hyper-surmesure, » insiste l’homme de 48 ans dont les clients sont situés en métropole et aux Antilles. Certains moules créés sur place ne servent qu’une ou deux fois. L’entrepreneur a des exemples à la pelle : comme ce lave-main d’une école de Blagnac que l’architecte voulait spécifique ou ce cache-mât de téléphonie mobile. Les 28 salariés, dont les 18 en production, doivent faire preuve de souplesse et d’adaptation. « C’est un peu une fourmilière ici. Il n’y a pas d’automatisation. Beaucoup de choses sont faites à la main » , exprime Philippe Racapé.
Un autre chantier, depuis son arrivée, a été mené en interne. En impulsant une démarche RSE ( responsabilité sociétale des entreprises). Dans une entreprise utilisant de nombreux produits pétrochimiques, pas simple. « On recycle notre résine à 100 %. Et on a un peu de volume compte tenu de nos nombreux moules », annonce fièrement celui qui a trouvé la société récupératrice (AB Val à Puceul) qui fabrique des socles pour clôture. « Il y a également un gros effort de réaliser sur l’achat de produits le moins polluants possibles. On regarde quels sont les fournisseurs ayant un éco-label » , indique Philippe Racapé. La protection des employés de la tête au pied a été aussi une autre de ses initiatives, suite au durcissement de la législation. Comme la polyvalence des postes. « Ça a rechigné un peu mais cela est passé » , confie-t-il.
Concurrencé par le marché d’Afrique du Nord et de l’Europe « proposant des prix défiant toute concurrence » , l’entreprise met en avant ses singularités, son savoir-faire et le made in France. Le tassement de l’activité a fait passer le chiffre d’affaires de 2,3 à 1,7 million d’euros depuis 2012 et le nombre de salariés de 32 à 28, ainsi que la réorganisation de l’entreprise, ce qui a fait reporter quelques projets. Comme l’agrandissement. Un tunnel en bâche sert de zone de stockage. Toutefois, l’entreprise possède une réserve foncière de 8 000 m2. « On verra plus tard. Les commandes pour 2018 annoncent une belle année de production. Après, j’espère que si j’ai des besoins, je trouverais la main-d’oeuvre. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Je peine à trouver deux opérateurs. Dont la seule qualification demandée est le savoir-être » , exprime-t-il. Une matière en voie de disparition selon les entrepreneurs.
Cryothérapie pour l’AS Saint-Etienne