Le pic à vigne, ancêtre de la charrue
Le Musée du Vignoble nantais conserve en ses murs un outil très ancien. Il s’agit d’un pic à vigne, aussi appelé pic « plumeterre ». Cet outil ressemble à une sorte de houe à deux longues dents courbes, de forme triangulaire. « Cet outil était utilisé avant l’introduction de la charrue pour préparer et désherber la vigne » , indique Marion Orillard, régisseuse des collections.
Car avant la crise du phylloxera, qui frappe le vignoble à la fin du XIXe siècle, la vigne était plantée en quinconce. Pour pouvoir travailler la terre autour des ceps de vignes plantés de façon très serrée, les vignerons utilisaient ce type d’outil manuel. « Le vigneron utilise alors deux types de pics à vigne. Le premier, le pic « coule à fond », est utilisé en mars-avril pour labourer en profondeur » , explique Marion Orillard. Avant de poursuivre : « Le deuxième type de pic (comme celui sur la photo, ndlr) est utilisé entre mai et juillet par les vignerons pour biner la terre. Le pic « plume-terre » permettait aux vignerons de travailler la terre en surface. Avec cet outil, il arrachait l’herbe et ameublissait le sol »
« Travail pénible »
« Il faut imaginer la pénibilité du travail engagé par le vigneron, souligne la régisseuse des collections : celui-ci travaillait dans une position très penchée et devait avoir une gestuelle précise afin de ne pas blesser les souches des ceps avec un coup de pic » . Ce pic, utilisé au Pallet jusqu’au début des années 1900, témoigne de cette époque lointaine. « Les pics à vigne ont progressivement disparu lorsque le vignoble fut replanté en ligne après la crise du phylloxera. De cette façon, les charrues pouvaient circuler dans les vignes et le travail manuel fut abandonné » , conclut Marion Orillard.