La campagne éclair
5 juin
Menacé par l’égypte, l’état juif attaque sur tous les fronts. Les aviations ennemies sont presque entièrement détruites au sol tandis que l’armée israélienne avance à marche forcée vers le canal de Suez et riposte aux attaques jordaniennes.
6-7 juin
Tsahal s’empare de la Cisjordanie (annexée par la Jordanie en 1950) et atteint le Jourdain.
7 juin
Se déroule dans le Sinaï une des plus grandes batailles de blindés : plus de 1 000 chars y participent de chaque côté. Le même jour, Tsahal occupe la bande de Gaza et prend le contrôle de Charm-el-cheikh.
8 juin
Les Israéliens atteignent le canal de Suez. L’ensemble de la péninsule du Sinaï est aux mains des Israéliens.
9 juin
Reste la Syrie, l’adversaire le plus implacable d’israël, mais qui, en juin 1967, n’a pas bougé. Après avoir hésité, le gouvernement Eshkol finit par se retourner contre elle, répondant ainsi à la pression conjuguée des kibboutz frontaliers, traditionnellement harcelés par des tirs syriens, et des militaires.
10 juin
A 18 heures (heure locale), le cessez-le-feu est proclamé sur tous les fronts. La « guerre des Six-jours » est terminée. La déroute des armées arabes est totale : elles ont perdu plus de 70 % de leur armement lourd et près de 20 000 hommes, contre seulement 760 morts israéliens. Cette défaite accablante sera le chant du cygne du nassérisme. Israël, quant à lui, a desserré l’étau arabe et triplé son territoire. La victoire de Tsahal est spectaculaire, mais les conséquences diplomatiques sont graves et continuent de peser sur l’ensemble de la région.
pour préserver son régime, il devait s’afficher au côté de Nasser, le héraut incontesté du nationalisme arabe. D’où la signature, le 30 mai, avec l’égypte, d’un pacte de défense mutuelle. Ce que le roi Hussein ignorait, en commençant à faire tonner ses canons, c’est qu’israël avait déjà détruit, au sol, plus de 300 avions égyptiens (les trois quarts de la flotte), ce qui affaiblissait dramatiquement son allié égyptien.
Ce coup dur porté, d’entrée de jeu, à l’égypte de Nasser permettait à Israël d’envisager avec moins d’inquiétude l’ouverture d’autres fronts, avec la Syrie comme avec la Jordanie. Au soir du 5 juin, le cabinet israélien discuta de la réponse à apporter à l’engagement de la Jordanie. L’indécision du Premier ministre, Levi Eshkol, qui hésitait sur la conduite à tenir, laissa de facto la voie ouverte aux partisans de l’action et notamment à Menahem Begin, chef du Herout, le parti nationaliste de droite. Ce dernier avait rejoint le gouvernement d’union nationale constitué avant le déclenchement de la guerre des Six-jours. Il avança qu’israël disposait là d’une occasion historique pour « libérer la vieille ville » . Cet avis était partagé par Yigal Allon, ancien commandant en chef du Palmah (formation d’élite de l’armée juive avant 1948) et leader du parti de gauche Ahdout Haavoda. Le ministre de la Défense, Moshe Dayan, considéra qu’israël devait autant que possible marquer des points tactiques.
Sans ordre explicite du gouvernement, il ordonna à l’armée d’encercler la vieille ville à partir du nord-est le 6 juin. La seule véritable bataille se déroula le même jour, sur la bien nommée colline des Munitions, où des troupes jordaniennes étaient retranchées dans des bunkers. A l’aube du 7 juin, les soldats israéliens pénétrèrent dans la vieille ville à la fois par la porte Saint-étienne (porte des Lions) et par celle des Maghrébins.
« Le mont du Temple est entre nos mains »
Sans rencontrer beaucoup de résistance ils atteignirent le Mur occidental (dit « Mur des lamentations »), le lieu le plus sacré du judaïsme, auprès duquel les Juifs n’avaient pu prier depuis 1949 – en violation des accords d’armistice qui avaient officiellement garanti la liberté d’accès aux Lieux saints.
C’est là que le chef de l’unité des parachutistes Motta Gur prononça la phrase légendaire : « Le mont du Temple est entre nos mains. » Trois heures plus tard, Moshe Dayan, Yitzhak Rabin, chef d’état-major, et Uzi Narkiss, chef militaire de la région centre, pénétraient dans les ruelles de Jérusalem. L’émotion était palpable. Dayan déclara : « Les forces de défense d’israël ont libéré Jérusalem ce matin. Nous avons réunifié la Jérusalem divisée, la capitale d’israël. Nous sommes revenus sur notre lieu le plus sacré, nous sommes revenus pour ne plus jamais repartir. » Ces paroles témoignaient, brutalement, d’un changement radical de perception.
Les dirigeants israéliens n’avaient pas conçu, au préalable, de plan pour s’emparer de la vieille ville de Jérusalem, mais maintenant qu’elle se retrouvait en leurs mains il n’était plus question de s’en séparer. Dès le 11 juin, le quartier dit des Maghrébins, jouxtant le Mur occidental, fut rasé afin d’aménager une vaste esplanade permettant d’accueillir les dizaines de milliers de fidèles juifs qui se précipitaient dans le quartier juif (cf. p. 39). Le 18 juin, le gouvernement prit la décision d’annexer « à l’est » un vaste espace de 71 km2 – bien au-delà des 6 km2 de l’ancienne municipalité jordanienne – et de l’intégrer au sein d’une Jérusalem désormais unifiée. Le 27 juin, la législation israélienne fut étendue à l’ensemble de la ville. Ce fut un puissant acte d’affirmation de souveraineté mais qui fut d’emblée rejeté par les Palestiniens et leurs « frères arabes » et dénoncé par la communauté internationale.
Ce qui se joue en juin 1967, c’est au fond le retour du sacré, que le sionisme des origines avait tenu à maintenir prudemment à distance, percevant justement la charge explosive qu’il recelait. Et nulle part ce retour ne fut plus brutal qu’à Jérusalem. n