La résolution 2334
Le 23 décembre 2016, pour la première fois depuis 1980, l’abstention des États-unis a permis l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité de L’ONU condamnant la construction et l’extension des colonies israéliennes en territoire palestinien. La résolution estime que l’extension des colonies met « gravement en danger la viabilité de la solution à deux États » . Juste avant la fin du second mandat de Barack Obama, les États-unis, qui avaient coutume d’opposer leur veto, ont cette fois choisi de s’abstenir. Si la résolution n’évoque pas de sanctions, elle forme un cadre possible pour de futures condamnations ou des plaintes contre Israël devant des juridictions internationales. Notes 1. Dans sa fameuse conférence de presse du 27 novembre 1967 il aura des mots très durs contre le « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur » . Cf. S. Berstein, « De Gaulle, Israël et les Juifs », L’histoire n° 321, juin 2007, pp. 44-49. 2. É. Barnavi, Aujourd’hui, ou peut-être jamais. Pour une paix américaine au Proche-orient, André Versaille éditeur, 2009.
Curieusement, Donald Trump semblait vouloir aborder cette affaire avec un certain souci de cohérence entre position de principe et action effective. Lui a pu déclarer que les implantations n’étaient pas un obstacle à la paix, qu’il allait déchirer la résolution 2334, et qu’il allait incidemment réserver le même sort au traité nucléaire avec l’iran, que Benyamin Netanyahou a tant fait pour empêcher.
Cependant, comme pour le transfert de l’ambassade des États-unis à Jérusalem, il s’avère que la joie du parti des colons aura été de courte durée. De Washington parviennent des bruits inquiétants pour eux. La solution à deux États n’est pas morte et enterrée, loin de là, et le représentant du président pour les conflits internationaux, un avocat juif orthodoxe du nom de Jason Greenblatt, fait le tour des dirigeants arabes, président palestinien compris, pour la promouvoir. Ce dernier a même été reçu début mai à la Maison-blanche pour évoquer la fin du conflit. Les implantations ne seraient pas un obstacle à la paix, est-il toujours proclamé, mais, dit-on désormais dans l’entourage de Donald Trump, leur extension ne fait rien pour la favoriser non plus. Le Premier ministre israélien, désormais privé d’un adversaire commode en la personne de l’ancien locataire à la MaisonBlanche et sans alliés au Congrès pour faire pièce à l’actuel, s’est résolu, afin de lui complaire, à annoncer une politique de « retenue » quant à la construction dans les territoires occupés.
Se peut-il qu’un homme de la trempe d’un Donald Trump réussisse là où tous ses prédécesseurs ont échoué ? Il a deux atouts pour cela : l’envie de réussir le « deal » du siècle ; et une absence totale d’idéologie, sinon celle de sa propre promotion. Une chose est certaine : avec Hillary Clinton, rien ne se serait passé ; avec Donald Trump, tout est possible, y compris l’impensable. n