L’afrique des routes
C’est par touches, et sous l’angle dynamique des circulations, que Catherine Coquery-Vidrovitch, professeur émérite à Paris-vii, et Gaëlle Beaujean, responsable de collections au musée du quai Branly, entendent réaffirmer que l’afrique subsaharienne a une histoire, bien antérieure à la colonisation européenne du xixe siècle, et que cette histoire peut être restituée, même si elle concerne des sociétés sans écriture. A travers plus de 300 objets, et en s’appuyant sur des cartes animées, l’exposition aborde la multiplicité des échanges commerciaux, culturels et religieux qui liaient, par voies terrestres, fluviales ou maritimes, les Africains entre eux et les connectaient au reste du monde. On retiendra ici quelques faits saillants : d’abord, que l’or africain a joué un rôle central en Méditerranée et en Occident avant la découverte du Nouveau Monde et permis la constitution de puissants royaumes au Sahel, comme celui du Maliensuite, que les Européens ont été les derniers à établir des relations directes avec les Africains, au xve siècle, quand Arabes, Perses, Indiens ou Chinois échangeaient perles, tissus et porcelaine sur le littoral oriental depuis le IIE millénaire avant notre ère. Enfin, que les masques, que l’on désignerait volontiers comme emblématiques de l’art africain tout entier, ne sont en réalité présents qu’à l’ouest et au centre du continent. Une spécificité plastique qui dit la mobilité des hommes et des savoirs dans ce sous-ensemble et aussi les routes qu’ils ont empruntées. n