L'Histoire

Austrasie, le royaume oublié

- Laurent Theis Membre du comité scientifiq­ue de L’histoire

C’est vers 580 que, sous la plume de l’évêque de Tours Grégoire, est fait mention d’austrasii, des hommes de l’est dont la région d’origine reçoit bientôt le nom d’austrasie. La formation de celle- ci remonte plus haut, lorsque l’ensemble de territoire­s et de peuples constitué par Clovis fut, à sa mort en 511, réparti entre ses fils en différents Teilreiche – royaumes divisionna­ires pour ainsi dire à l’intérieur du royaume des Francs. Thierry, l’aîné, prit pour lui la partie orientale, correspond­ant aux anciennes provinces romaines de Germanie et de Belgique, selon un axe Reims-trèves- Cologne, avec des excroissan­ces à l’ouest et au sud suivant les circonstan­ces et les rapports de force. Cette royauté se maintint jusqu’au dernier des Mérovingie­ns, Childéric III (743-751). Entre-temps, elle avait connu un apogée sous le roi Sigebert et sa veuve la célèbre Brunehaut, puis avaient émergé autour de Metz et de Cologne des dynasties aristocrat­iques fournissan­t des évêques et des maires du palais attachés à leur particular­isme. En furent issus, après 650, les Pippinides, futurs Carolingie­ns. Ils purent revendique­r avec vraisembla­nce l’héritage de Clovis. Outre une démarche pédagogiqu­e, l’exposition internatio­nale organisée met l’accent sur l’archéologi­e déclinée, grâce à l’inrap, dans ses diverses applicatio­ns. Elle présente les fleurons d’une production artistique qu’on ose presque dire « austrasien­ne », en particulie­r les trouvaille­s en matériel funéraire effectuées en 2016 sur le site des Crassées à SaintDizie­r, ou dans la tombe de la Dame de Grez-doiceau, en Brabant wallon. Elle montre aussi les liens actifs qu’entretenai­t le royaume autant avec le Midi provençal et italien qu’avec le monde anglo-saxon et l’orient byzantin, dont la royauté austrasien­ne se posait en égale, voire en rivale. n

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