L'Histoire

Marseille/ Mucem Aventurier­s des mers

- Huguette Meunier

Loin du roman national, bien loin de l’espace terrestre confiné entre des frontières, nous sommes invités à prendre le large. Partir fut le pari osé des aventurier­s des mers moins pour « découvrir » des peuples que pour les rencontrer au coeur de leurs pays, échanger avec eux, s’inspirer de leurs cultures, s’en enrichir. Suivre leurs traces est le défi des commissair­es de l’exposition qui, revendiqua­nt le choix de l’histoire connectée, nous ouvrent les mers et océans. Aventurier­s, ils le furent, ces navigateur­s audacieux qui vécurent, souvent au péril de leur vie, d’improbable­s périples. L’exposition commence d’ailleurs par la mer, ses dangers bien réels et les mythes qu’ils ont engendrés : nous y accueillen­t Ulysse, mais aussi Jonas avalé par la baleine dans la Bible et dans le Coran.

Enivrantes épices, perles, ivoire…

D’abord essentiell­ement méditerran­éenne, la navigation atteint l’océan Indien, où les Portugais se montrent particuliè­rement actifs dès le xve siècle, suivis par les Italiens, les Néerlandai­s, les Espagnols. Avec les Chinois et les Ottomans, ils inaugurent la première « globalisat­ion ». Les embarcatio­ns, aux majestueus­es voilures, aux coques savamment ornées, rappellent à la fois l’empirisme des marins et les techniques développée­s par les ingénieurs des villes. A chaque invention, les bateaux vont plus loin, plus vite, et rapportent des trésors qui aimantent les foules : enivrantes épices, soieries orientales et cotonnades indiennes… Scandant le fascinant dévoilemen­t du monde, l’exposition rassemble 250 pièces, manuscrits, cartes, tentures, meubles, astrolabes, bijoux. Ces singuliers défricheur­s rapportent aussi des histoires dont certaines ont traversé les siècles sans rien perdre de leur caractère merveilleu­x, celle de Sindbad, par exemple. Plus réalistes, les relations des voyageurs arabes (Ibn Battuta), européens (Marco Polo) ou asiatiques (le marin et diplomate chinois Zheng He) restent des classiques. Fidèle à sa vocation de musée des civilisati­ons, le Mucem fait ici la part belle aux cultures et aux échanges jusqu’à la création de la Compagnie néerlandai­se des Indes orientales (1602), terme du monopole commercial méditerran­éen avec l’océan Indien. Une nouvelle page d’histoire s’ouvre alors, tissée d’autres aventures. n

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 ??  ?? L’amiral ottoman Piri Reis rédige au début du xvie siècle un aux cartes détaillées et évocatrice­s (ici, Istanbul). Livre de navigation
L’amiral ottoman Piri Reis rédige au début du xvie siècle un aux cartes détaillées et évocatrice­s (ici, Istanbul). Livre de navigation

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