Les Soviets, vus de Londres
Londres/ British Library
Pour célébrer le centenaire de la révolution russe, la British Library revient sur la période charnière entre le couronnement du dernier tsar Nicolas II en 1894 et la mort de Lénine en 1924. Un exemplaire de la première édition du Manifeste communiste publié à Londres en 1848 sert d’introduction. Mais si Marx et Engels avaient prévu une violente révolution anticapitaliste rien ne laisse penser qu’ils l’avaient vue venir en Russie. Le long du parcours chronologique, on découvre d’autres pièces rares telles des lettres de Trotski réfléchissant au salaire des soldats de l’armée rouge, des caricatures de Raspoutine, ou encore des photos des Romanov. Sur un cliché de 1913, la ressemblance troublante entre le roi d’angleterre George V et Nicolas II rappelle les liens familiaux étroits qui liaient alors les monarchies russe et anglaise. Mais l’originalité de l’exposition réside dans le mélange entre le politique et le personnel. A côté des figures historiques majeures, une large place est donnée aux témoignages de gens ordinaires. Des extraits de journaux intimes peuvent être écoutés et permettent de comprendre l’expérience de la population secouée par le cours des événements. Les nombreuses affiches de propagande révèlent comment pendant les années de guerre civile la misère est instrumentalisée tant par l’armée rouge que par les anti-bolcheviks. Le parcours s’achève sur la propagation internationale du mouvement révolutionnaire. Aux yeux de la conservatrice Katya Rogatchevskaia, la révolution eut un tel impact qu’on ne peut saisir le monde d’aujourd’hui sans la comprendre. n