Une petite ville en Campanie
Avec l’exposition présentée dans la grande palestre du Parc archéologique, la Pompéi romaine que nous connaissons, figée dans son dernier état par l’éruption du Vésuve, apparaît sous un jour nouveau, présentant les débuts de la cité et ses liens avec la Grèce.
Cette petite ville portuaire est entrée en contact avec les diverses populations de l’italie du Sud et les grands centres de la Méditerranée. En témoigne la sélection de découvertes récentes, d’objets des dépôts du site ou venant d’autres musées, emblématiques des identités multiples qui composent la Grande Grèce. C’est en effet à une ville archaïque de Campanie que ressemble cette Pompéi avant Pompéi, dotée de temples doriques dédiés à des dieux grecs, Athéna et Apollon. Ces monuments qui, dès le vie siècle av. J.-C., dessinent avec les murs et les rues le maillage d’un espace urbain, sont décorés comme ceux des colonies de Poseidonia ou de Cumes. C’est aussi une ville ouverte au multiculturalisme que montrent les inscriptions grecques, étrusques et osques incisées sur les vases retrouvés dans les sanctuaires. C’est enfin une ville méditerranéenne où les aristocraties samnites adoptent, à partir du iiie siècle av. J.-C., le langage du pouvoir élaboré en Macédoine et diffusé dans les royaumes hellénistiques issus des conquêtes d’alexandre le Grand. Devenue colonie romaine elle reste attachée à ce patrimoine culturel comme le montrent les mythes représentés dans les décors domestiques et les oeuvres d’art conservées dans les collections. Au gré d’un parcours qui révèle une épaisseur historique de sept siècles, Pompéi retrouve avec les Grecs une place à part entière au sein d’une Méditerranée animée par les échanges et les mobilités. n
Claude Pouzadoux Directrice du centre Jean-bérard à Naples