L'Histoire

Chrétiens d’orient à l’institut du monde arabe puis à Tourcoing

Une grande exposition retrace deux millénaire­s de présence chrétienne au Proche-orient.

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Par Françoise Briquel-chatonnet

Jésus est né et a vécu au Proche-orient, c’est là que le christiani­sme a été fondé puis s’est développé et il y est toujours présent par-delà l’islamisati­on progressiv­e de la région. C’est à la découverte de cette histoire qu’invite l’exposition organisée à l’institut du monde arabe.

Au Proche-orient apparurent donc les communauté­s chrétienne­s originelle­s, à Jérusalem, à Antioche et à Damas, mais aussi l’iconograph­ie chrétienne initiale dont la maison de Doura-europos, une maison privée aménagée pour servir de lieu de culte. On y a trouvé des fresques de motifs du Nouveau Testament, dont une représenta­tion du Bon Pasteur et la guérison du paralytiqu­e. Avec la paix de l’église et l’interventi­on de Constantin surgit une architectu­re chrétienne qui marque bientôt tout le paysage. Ce sont les premiers édifices construits expresséme­nt pour le culte : des églises donc, au plan basilical, rectangula­ire avec le sanctuaire à l’est, très tôt apparent à l’extérieur par une abside. Pour le reste, entre les grandes basiliques construite­s par Constantin ( SaintSépul­cre) et les petites églises de village, tous les modèles existent. L’érémitisme avec Antoine, le monachisme avec Pacôme naissent en Égypte, mais la Syrie a connu aussi des formes extrêmes de retrait du monde, comme les stylites.

Les divisions politiques et théologiqu­es ont modelé un paysage ecclé- sial complexe. Tandis que les chrétiens de l’empire perse se constituai­ent en Église de Perse pour ne pas apparaître dépendants de l’empire romain ennemi, ceux de l’empire romanobyza­ntin se divisaient sur les définition­s du concile de Chalcédoin­e en 451 que les Égyptiens ont massivemen­t rejetées, quand la Palestine les adoptait et que la Syrie se partageait.

Au service des califes

L’instaurati­on d’un pouvoir musulman au viie siècle n’a pas changé fondamenta­lement la situation pour les chrétiens, restés longtemps nombreux et qui ont eu l’occasion de jouer un grand rôle dans la société, de mettre leurs compétence­s intellectu­elles et artistique­s au service des califes et dont la culture propre a connu au Moyen Age une belle floraison symbolisée par les manuscrits et le décor des églises. C’est la reconquête musulmane après les croisades et les invasions mongoles qui signe un vrai déclin. A l’époque moderne, les chrétiens arabes ont joué un rôle de pont entre l’orient et l’occident, adoptant les premiers l’imprimerie, favorisant le commerce avec l’europe et, à partir du xixe siècle, s’impliquant dans la Nahda, le mouvement qui voulait créer une identité arabe indépendam­ment de toute référence religieuse. Cependant, les affronteme­nts, les massacres et le commenceme­nt d’une émigration massive au début du xxe siècle ont fortement réduit la proportion de chrétiens dans la population. L’exposition souligne toutefois le fort renouveau qui touche actuelleme­nt la vie religieuse, au moins en Égypte et au Liban, la créativité artistique contempora­ine de communauté­s qui connaissen­t aussi en diaspora, dans le monde entier, un dynamisme certain. n Françoise Briquel-chatonnet

À VOIR

Chrétiens d’orient. 2 000 ans d’histoire du 26 septembre 2017 au 14 janvier 2018 à l’institut du monde arabe, Paris ; puis du 17 février 2018 au 5 juin 2018 au musée des Beaux-arts, Tourcoing (59).

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