Victoire contre les polluants éternels, à quelques poêles près…
La mesure était attendue depuis une éternité. Les polluants éternels sont en voie d’être prohibés. Le 5 avril, la proposition de loi qui interdit les produits per- et polyfluoroalkylées (PFAS) a été votée dans le cadre de la niche parlementaire des Écologistes (EELV). Le texte prévoit d’interdire leur emploi dans les cosmétiques, le fart pour les skis et le textile (hors vêtements de protection) au
1er janvier 2026. Seul bémol, ces Pfas continueront d’être utilisés pour les ustensiles de cuisine.
La droite et l’extrême droite ont « entendu » les arguments des fabricants et fait en sorte qu’ils soient exclus du champ de la loi. SEB est allé jusqu’à faire manifester ses salariés, aux frais de l’entreprise, devant l’Assemblée. « Encore une fois », les macronistes, « Les Républicains » et le RN auront « cédé au lobbying, au détriment de la santé des Français », ont dénoncé les députés écologistes. « Comme pour l’amiante, le patronat nous prédit une catastrophe industrielle si les Pfas sont interdits », a dénoncé la CGT. Argument repris par le député PCF de Seine-Maritime Édouard Bénard : « Je pense aux débats qui ont déjà eu lieu dans l’Hémicycle quant à l’usage de l’amiante au détriment des travailleurs et des populations. » Si le verre n’est qu’à moitié plein, cela reste une victoire, la loi ayant été votée à l’unanimité (184 pour, 0 contre, 27 abstentions LR et RN). Le texte présenté par Nicolas Thierry (EELV) devrait être repris dans la niche des écologistes du Sénat, le 30 mai, pour un vote en seconde lecture. Les polluants éternels – 10 000 à 14 000 substances – se retrouvent dans l’eau, les sols et la chaîne alimentaire. On estime que 99 % des humains sont exposés à ces substances potentiellement cancérigènes. La France n’est pas seule à s’être emparée de la question. La Norvège, la Suède, le Danemark, les Pays-Bas et l’Allemagne ont déposé une demande à l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) en vue de restreindre la mise sur le marché des Pfas, en application du règlement Reach, adopté en 2007 pour régir l’utilisation des substances chimiques.