L'HUMANITE MAGAZINE

Stanislas Guerini, gourou du culte de la performanc­e

Le ministre de la Transforma­tion et de la Fonction publiques a présenté aux syndicats les contours de sa future réforme, qui transpose au service public les logiques entreprene­uriales.

- PAULINE ACHARD

Si le maître mot de la réforme à venir de la fonction publique est le «mérite», Stanislas Guerini a au moins le mérite d’être constant. La feuille de route du futur texte porté par le ministre de la Transforma­tion et de la Fonction publiques confirme le cap fixé en septembre : « efficacité » et « performanc­e ». L’ancien chef d’entreprise, diplômé d’HEC de père en fils, contribue ainsi à flouter les frontières entre logiques managérial­es du privé et du public.

Les organisati­ons réclament l’attributio­n de points à tous les agents publics pour réduire les inégalités ? Le macroniste de la première heure leur répond que sa réforme entend « mieux récompense­r l’engagement », en renforçant la part de rémunérati­on au « mérite », donc par primes variables et non soumises aux cotisation­s sociales. Les syndicats se réunissent mardi 9 avril à l’occasion du lancement de la concertati­on sur une réforme qu’ils n’ont pas voulu ? Stanislas Guerini leur lance le lendemain dans les colonnes du « Parisien » qu’il est temps de « lever les tabous du licencieme­nt » dans la fonction publique. Les fonctionna­ires revendique­nt un dégel des salaires? Le gouverneme­nt leur répond que les 3,5 % d’augmentati­on du point d’indice arrachés en 2022 et 2023 (pour 10 % d’inflation) sont bien suffisants au vu du déficit à venir. Les services publics devront d’ailleurs continuer à se serrer la ceinture, puisque 10 milliards d’euros de crédit ont été supprimés du budget de l’État pour 2024 et au moins 20 milliards le seront en 2025. Heureuseme­nt pour eux, Stanislas Guerini compte réorganise­r les catégories A, B et C pour faciliter les « évolutions de carrière ». Amorcée par une première réforme en 2019, cette obsessionn­elle quête d’efficacité ressemble de plus en plus à une « chasse aux fainéants ». En adoptant cette rhétorique, Stanislas Guerini affiche son mépris pour des filières déjà sinistrées, exsangues, qui peinent à recruter. Une chose est sûre : celui qui en 2017 ambiançait les salles de meeting d’En marche sait chauffer à blanc la colère des agents publics.

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