L'HUMANITE MAGAZINE

«Je vais t’aimer», dit Macron à Sardou

- CYPRIEN CADDEO

Ne soyons pas vaches. Que Michel Sardou, chanteur très populaire aux 100 millions de disques écoulés, soit décoré de l’ordre national du Mérite, prestigieu­se breloque instituée par le général de Gaulle, pourquoi pas ? Cela commence à devenir un problème, en revanche, à la lecture des arguments avancés par l’Élysée pour justifier l’honneur fait à l’auteur de « Je suis pour » et du « Temps béni des colonies ». « Il a su diagnostiq­uer, des décennies avant Michel Houellebec­q, le mal-être masculin dans ses textes », avance un proche conseiller du président dans « le Nouvel Obs », qui a révélé l’informatio­n.

Soit la pire raison pour distinguer le chanteur… Quiconque dispose d’une once de féminisme aura du mal à avaler la pilule de l’artistesoc­iologue au chevet du patriarcat en souffrance. Non content d’avoir chanté, en 1973, « J’ai envie de violer des femmes, de les forcer à m’admirer » (dans « les Villes de grande solitude », dans laquelle il dit jouer un personnage), Michel Sardou s’est aussi illustré pour ses saillies sexistes ces dernières années. Comme à l’automne 2023 : « Je hais les féministes (…). Les femmes ont raison de se défendre, de demander leurs droits (…), de réclamer le même salaire que les hommes, je trouve ça complèteme­nt juste. Par contre, qu’elles n’en fassent pas trop ! Qu’elles aiment un peu les hommes ! » En mars dernier, en plein concert, le septuagéna­ire, par ailleurs obsédé par l’écologiste Sandrine Rousseau, crachait sur les « ravages » de #MeToo : « Un jeune homme qui pose sa main sans son consenteme­nt sur la main d’une femme, c’est garde à vue directe. S’il a l’audace de vouloir poser sa main ailleurs, là, c’est Fleury-Mérogis. » L’annonce a évidemment provoqué un nouveau tollé chez les féministes. Dans « le Nouvel Obs », on apprend aussi qu’un « lobby Sardou », constitué de la plume du président Jonathan Guémas et du conseiller mémoire Bruno Roger-Petit, est à la manoeuvre derrière cette décoration. Les mêmes qui ont soufflé au président de soutenir Gérard Depardieu en pleine accusation de viols ?

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