L'HUMANITE MAGAZINE

Les enfants impression­nistes plongent dans la Piscine

- MARIE-JOSÉ SIRACH

Trois tableaux, de Degas, Renoir et Pissarro, et deux sculptures de Degas prêtés par le musée d’Orsay s’exposent en dialogue avec les oeuvres du musée de la Piscine consacrées à l’enfance. Sur son socle vitré, elle nous observe avec toujours ce regard étrange, contraint et mutin : « la Petite Danseuse » (1878-1881), de Degas, n’a que 14 ans, et on devine une enfance cabossée. Face à elle, « la Petite Châtelaine » (1895-1896), de Camille Claudel, toute de marbre blanc, la « petite Joconde » du musée de la Piscine. C’est elle qui aurait eu l’idée d’inviter « la Petite Danseuse ». L’une et l’autre côtoient « le Garçon au chat » (1868), de Renoir. Étrange tableau que celui de ce jeune garçon posant nu, de dos, caressant un chat. Le regard vide, son corps d’un blanc marbré contraste avec les harmonies froides des couleurs dominantes et la toison du matou. À ses côtés, une jeune fille, allongée dans l’herbe, à l’ombre d’un arbre, tient à la main une baguette. « La Bergère », de Pissarro (1881), est une petite paysanne, un vieux fichu sur la tête et des sandales de mauvaise facture aux pieds. Elle ne regarde rien. Elle se repose et on imagine, pas très loin, les moutons dont elle a la garde. Autre face-à-face, « l’Écolière » (1880), toujours de Degas, et «l’Arrivée à l’école» (1909), de Geoffroy, dit Géo, acquis par le musée de la Piscine en 2019. Entre la posture hiératique de la première et le joyeux cortège de ces écoliers en herbe sur le chemin de l’école, rendue obligatoir­e et gratuite peu de temps avant ; entre « la Petite Danseuse » et « la Petite Châtelaine », entre « la Bergère » et « le Garçon au chat », c’est l’enfance, objet de toutes les attentions des impression­nistes, qui est ici peinte, dans toute sa fragilité, sa complexité.

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