L'HUMANITE MAGAZINE

Carlos Tavares, le cost killer à 100 000 euros par jour

La rémunérati­on indécente du PDG de Stellantis, qui pourrait atteindre 36,5 millions d’euros cette année, a relancé le débat sur les revenus des grands patrons. L’intéressé toise les parlementa­ires.

- NAÏM SAKHI

La crise ? Pas pour Carlos Tavares ! En 2024, la rémunérati­on du PDG de Stellantis pourrait atteindre 36,5 millions d’euros. Une hausse de 56 % par rapport à l’année écoulée si l’intéressé atteint ses objectifs. Des chiffres qui ont de quoi écoeurer, alors que plus d’un demi-million de personnes sont tombées dans la pauvreté depuis 2017 et l’élection d’Emmanuel Macron.

Pour sa défense, Carlos Tavares martèle : « 90 % de mon salaire est lié aux résultats de l’entreprise ». Ce qui est vrai, la part fixe de ses émoluments ne représente que 7 %. Mais à quel prix ? Depuis 2021 et la fusion de plusieurs constructe­urs automobile­s – Peugeot, Opel, Fiat, Chrysler, notamment – 26 500 postes ont été rayés d’un trait de plume. La politique du cost killer ne s’arrête pas là. Sous couvert de transition énergétiqu­e, 3 000 emplois devraient être détruits en Italie, pour 2024, quand 400 suppressio­ns sont prévues aux États-Unis. Pour les actionnair­es, les résultats financiers sont au rendez-vous : « Ils ont touché 18,3 millions d’euros par jour pour l’exercice 2023 », rappelle Jean-Pierre Mercier, délégué SUD.

Mardi 16 avril, dans un élan de confiance, Carlos Tavares s’est même permis de toiser les parlementa­ires : « Si vous estimez que ce n’est pas acceptable, modifiez la loi et je la respectera­i. » Message reçu, à commencer par Fabien Roussel, secrétaire national du PCF : « Quand un patron du CAC 40 gagne 100 000 euros par jour, soit 71 Smic, tout le monde devrait crier au scandale, du Medef au gouverneme­nt, le coût du capital devient exorbitant et indécent. » En 2016, le communiste Gaby Charroux avait déposé un texte à l’Assemblée visant à ce que la plus haute rémunérati­on, dans une entreprise, ne puisse pas être 20 fois supérieure à la plus basse. Une propositio­n rejetée par la majorité de François Hollande, désormais reprise par le groupe socialiste, qui a déposé une propositio­n de loi pour limiter les revenus à 20 fois le Smic. « La démesure dans la concentrat­ion des richesses génère des modes de vie incompatib­les avec les limites de la planète», souligne le député PS Boris Vallaud.

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