Ligne Congo-Océan, un aller simple vers l’esclavage
La création de la voie ferrée CongoOcéan symbolise la violence, la déshumanisation et le racisme inhérents à la colonisation. Elle est aussi le rappel que, malgré les alertes et de pseudo-avancées sociales, la France aura préféré fermer les yeux pendant des décennies, malgré le massacre commis. De 1921 à 1934, les colons français se sont acharnés à vouloir construire une voie ferrée reliant Brazzaville (aujourd’hui la capitale du Congo) à la côte atlantique. Près de 512 kilomètres de chemin de fer, dont le but est d’acheminer les marchandises – coton, café, cacao, ivoire et caoutchouc – vers la métropole. Un chantier colossal ralenti par l’omniprésence de forêts sur le chemin.
Malgré les conditions difficiles, les entreprises chargées du chantier ne veulent rien entendre : la ligne Congo-Océan doit voir le jour. S’enclenche alors un processus de déportations massives et d’esclavagisme avec pour cible les habitants colonisés. Entre 17 000 et 20 000 travailleurs sont décédés en construisant ce chemin de fer, selon les estimations du géographe Gilles Sautter (1920-1998). Des voix influentes de l’époque, comme l’écrivain André Gide et le reporter Albert Londres, s’insurgent des conditions de travail découvertes sur place. «L’esclavage, en Afrique, n’est aboli que dans les déclarations ministérielles d’Europe », dénonce ainsi le journaliste dans son reportage « Terre d’ébène ».
Dernier documentaire de « la Case du siècle » (France 5), « Congo-Océan, un chemin de fer et de sang » revient sur ce scandale majeur. À l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, le 10 mai, la réalisatrice Catherine Bernstein donne la parole aux enfants et petits-enfants des victimes. Près de cent ans plus tard, leurs témoignages restent glaçants.
CONGO-OCÉAN, UN CHEMIN DE FER
ET DE SANG DOCUMENTAIRE / FRANCE 5 / DIMANCHE 5 MAI / 22 H 40