L'HUMANITE

Des lycées ciblés, Vigipirate au plus haut

Plusieurs dizaines d’établissem­ents scolaires sont visés par des menaces. La procédure « urgence attentat » a été activée.

- ÉMILIEN URBACH

Vidéos de décapitati­ons, menaces d’attentats… depuis un peu moins d’une semaine, en Île-de-france, dans les Hautsde-france ou la région Grandest, « près de 130 » lycées et collèges, selon le ministère de l’éducation nationale, ont été visés par ce type d’« actes malveillan­ts » via leurs espaces numériques de travail. Dans la nuit du 25 au 26 mars, une centaine d’autres établissem­ents du Sud-est ont, à leur tour, reçu un message anonyme annonçant, lui, une imminente explosion au « C4 ». Selon l’académie de Nice, 56 % des lycées des Alpes-maritimes et 92 % de ceux du Var ont eu à faire face à cette alerte à la bombe, mardi 26 mars au matin. L’auteur du courriel affirme agir « de la part de l’“état islamique” », ajoutant : « J’ai décidé de mener mon projet au bout. » Des propos pris au sérieux par plusieurs chefs d’établissem­ent qui ont appelé élèves et enseignant­s à rester chez eux.

Ces menaces intervienn­ent alors que, dans la soirée de dimanche 24 mars, à l’issue d’un conseil de défense à l’élysée, l’exécutif a annoncé relever le plan Vigipirate à son plus haut niveau, « urgence attentat ». Cette mesure avait été activée pour la première fois en 2018, à la suite de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, et maintenue durant 72 heures. À sa création, en 2016, le dispositif devait, en effet, n’être mis en place que pour « une durée limitée : le temps de la gestion de la crise ». Mais, lors de son dernier déclenchem­ent en octobre 2023, après l’assassinat de l’enseignant Dominique Bernard à Arras, il avait été maintenu durant trois mois. Concernant son activation actuelle, l’exécutif n’a pas fixé de limite de temps.

14 PASSAGES À L’ACTE CONTRECARR­ÉS EN QUATRE ANS

La décision a été prise après que l’attentat de Moscou, perpétré vendredi 22 mars, a été revendiqué par l’état islamique au Khorasan, une branche afghane de l’organisati­on djihadiste qu’emmanuel Macron a accusée, lundi, d’avoir « conduit, ces derniers mois, plusieurs tentatives sur notre propre sol ». Elles auraient ciblé des boîtes de nuit, la communauté LGBTQ+ ou des lieux de culte juifs et catholique­s. Les deux dernières auraient ainsi été déjouées le 10 janvier et le 5 mars. « Nous empêchons des attentats de se dérouler quasiment tous les mois », a insisté le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. En quatre ans, les services de renseignem­ents auraient ainsi contrecarr­é 14 passages à l’acte. La Place Beauvau dénombre, en outre, 24 attentats islamistes effectivem­ent perpétrés en France, depuis 2015.

Des « moyens exceptionn­els » pour lutter contre ces nouvelles menaces vont être déployés « partout sur le territoire », a déclaré pour sa part le premier ministre Gabriel Attal lors d’une visite aux forces de sécurité ce même lundi, à la gare Saintlazar­e à Paris, annonçant le renforceme­nt de « la présence policière (…) devant tous les lieux sensibles, notamment les écoles », et la mobilisati­on de « 4 000 militaires supplément­aires », en plus des 3 000 déjà engagés dans l’opération « Sentinelle ». À la veille des jeux Olympiques et Paralympiq­ues 2024, mais aussi des élections européenne­s de juin, l’exécutif cherche, en tout cas, à afficher une posture ferme et sécuritair­e.

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BENOÎT TESSIER/REUTERS L’exécutif n’a pas fixé de limite de temps à l’activation du plan Vigipirate.

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