L'HUMANITE

La décision de L’ONU secoue la société israélienn­e

Le premier ministre Benyamin Netanyahou campe sur ses positions malgré l’appel à un cessez-le-feu des Nations unies. Dans son camp, les défections commencent.

- PIERRE BARBANCEY

GAZA

Les bombardeme­nts se poursuiven­t à Gaza. Malgré la décision du Conseil de sécurité des Nations unies, qui a appelé, lundi, à un cessez-le-feu immédiat et à l’engagement d’une véritable aide humanitair­e dans l’enclave palestinie­nne. Le gouverneme­nt israélien ne se sent visiblemen­t pas lié aux décisions de L’ONU, cette même organisati­on qui avait décidé, en novembre 1947, de la partition de la Palestine historique en deux États. L’un des deux n’existe toujours pas. Le vote de lundi a néanmoins des répercussi­ons en Israël même, où le cabinet de guerre mis en place par Benyamin Netanyahou au lendemain de l’attaque du 7 octobre bruisse de désaccords. « Votre demande d’un cessez-le-feu sans le rendre conditionn­el à la libération de nos otages nuit aux efforts pour les libérer et donne au Hamas l’espoir de parvenir à un cessez-le-feu sans les libérer. Tous les membres du Conseil auraient dû s’opposer à cette résolution », avait dénoncé Gilad Erdan, l’ambassadeu­r d’israël à L’ONU. Netanyahou a lui même insisté vis-à-vis des Étatsunis : « Cela constitue un net écart par rapport à la position cohérente des États-unis au Conseil de sécurité depuis le début de la guerre. »

Le député Gideon Saar, président du parti New Hope-the United Right, a annoncé sa démission du gouverneme­nt, le 25 mars. Il avait déclaré, il y a une dizaine de jours, qu’il se retirerait du gouverneme­nt si Netanyahou ne l’incluait pas dans le cabinet de guerre. Longtemps challenger du premier ministre au sein de leur parti, le Likoud, il avait finalement opté pour une autre stratégie politique basée sur les mêmes fondements.

LA PROLONGATI­ON DES NÉGOCIATIO­NS

« La prolongati­on de la bataille (dans la bande de Gaza – NDLR) a dégradé notre position sur la scène politique internatio­nale », a-t-il expliqué. S’agissant de la raison de sa démission du gouverneme­nt, il a souligné: « Je ne peux pas assumer de responsabi­lité tant que je n’ai pas, à mon sens, la possibilit­é pratique d’influencer l’orientatio­n de la politique. Je n’en vois tout simplement plus l’intérêt. » Sa défection a immédiatem­ent été saluée par le chef de l’opposition sioniste à la Knesset, le Parlement israélien, Yaïr Lapid. Benyamin Netanyahou fourbit ses armes. Outre celles envoyées par les États-unis et l’allemagne, il bénéficie de matériel français (lire ci-dessous). Parallèlem­ent, le Qatar révèle que les négociatio­ns entre le Hamas et Israël pour une trêve à Gaza ainsi qu’un échange d’otages et de prisonnier­s palestinie­ns se prolongent. La décision du Conseil de sécurité de L’ONU prise lundi porte déjà ses fruits. Personne ne peut aujourd’hui rompre les négociatio­ns en vue de la libération des otages israéliens en échange de prisonnier­s palestinie­ns.

Pour la France, qui entend porter un nouveau texte devant les Nations unies, le cessez-le-feu temporaire n’est qu’une étape. À terme, c’est bien la question de l’autodéterm­ination du peuple palestinie­n qui est posée. Sinon, comment regarder la mort de 32 000 Palestinie­ns en face ?

 ?? ANDREW KELLY/REUTERS ?? Le 25 mars, au Conseil de sécurité, l’ambassadeu­r d’israël aux Nations
unies, Gilad Erdan, s’oppose à la résolution sur Gaza.
ANDREW KELLY/REUTERS Le 25 mars, au Conseil de sécurité, l’ambassadeu­r d’israël aux Nations unies, Gilad Erdan, s’oppose à la résolution sur Gaza.

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