La décision de L’ONU secoue la société israélienne
Le premier ministre Benyamin Netanyahou campe sur ses positions malgré l’appel à un cessez-le-feu des Nations unies. Dans son camp, les défections commencent.
GAZA
Les bombardements se poursuivent à Gaza. Malgré la décision du Conseil de sécurité des Nations unies, qui a appelé, lundi, à un cessez-le-feu immédiat et à l’engagement d’une véritable aide humanitaire dans l’enclave palestinienne. Le gouvernement israélien ne se sent visiblement pas lié aux décisions de L’ONU, cette même organisation qui avait décidé, en novembre 1947, de la partition de la Palestine historique en deux États. L’un des deux n’existe toujours pas. Le vote de lundi a néanmoins des répercussions en Israël même, où le cabinet de guerre mis en place par Benyamin Netanyahou au lendemain de l’attaque du 7 octobre bruisse de désaccords. « Votre demande d’un cessez-le-feu sans le rendre conditionnel à la libération de nos otages nuit aux efforts pour les libérer et donne au Hamas l’espoir de parvenir à un cessez-le-feu sans les libérer. Tous les membres du Conseil auraient dû s’opposer à cette résolution », avait dénoncé Gilad Erdan, l’ambassadeur d’israël à L’ONU. Netanyahou a lui même insisté vis-à-vis des Étatsunis : « Cela constitue un net écart par rapport à la position cohérente des États-unis au Conseil de sécurité depuis le début de la guerre. »
Le député Gideon Saar, président du parti New Hope-the United Right, a annoncé sa démission du gouvernement, le 25 mars. Il avait déclaré, il y a une dizaine de jours, qu’il se retirerait du gouvernement si Netanyahou ne l’incluait pas dans le cabinet de guerre. Longtemps challenger du premier ministre au sein de leur parti, le Likoud, il avait finalement opté pour une autre stratégie politique basée sur les mêmes fondements.
LA PROLONGATION DES NÉGOCIATIONS
« La prolongation de la bataille (dans la bande de Gaza – NDLR) a dégradé notre position sur la scène politique internationale », a-t-il expliqué. S’agissant de la raison de sa démission du gouvernement, il a souligné: « Je ne peux pas assumer de responsabilité tant que je n’ai pas, à mon sens, la possibilité pratique d’influencer l’orientation de la politique. Je n’en vois tout simplement plus l’intérêt. » Sa défection a immédiatement été saluée par le chef de l’opposition sioniste à la Knesset, le Parlement israélien, Yaïr Lapid. Benyamin Netanyahou fourbit ses armes. Outre celles envoyées par les États-unis et l’allemagne, il bénéficie de matériel français (lire ci-dessous). Parallèlement, le Qatar révèle que les négociations entre le Hamas et Israël pour une trêve à Gaza ainsi qu’un échange d’otages et de prisonniers palestiniens se prolongent. La décision du Conseil de sécurité de L’ONU prise lundi porte déjà ses fruits. Personne ne peut aujourd’hui rompre les négociations en vue de la libération des otages israéliens en échange de prisonniers palestiniens.
Pour la France, qui entend porter un nouveau texte devant les Nations unies, le cessez-le-feu temporaire n’est qu’une étape. À terme, c’est bien la question de l’autodétermination du peuple palestinien qui est posée. Sinon, comment regarder la mort de 32 000 Palestiniens en face ?