L'HUMANITE

Georges Pompidou, un fils d’instituteu­rs devenu président

TÉLÉVISION Le documentai­re de Jean-pierre Cottet tâche, en près de deux heures, d’embrasser la vie et la carrière de l’homme politique, un demi-siècle après son décès.

- CAROLINE CONSTANT

Georges Pompidou, la cruauté du pouvoir, France 3, 21 h 10

Des sourcils broussaill­eux très bruns, des yeux gris, une allure bonhomme, une clope vissée au coin des lèvres : Georges Pompidou, président de la République, est mort voici cinquante ans, le 2 avril 1974, à l’âge de 63 ans. Le film de Jean-pierre Cottet, dont le commentair­e est lu par Denis Podalydès et Bruno Raffaelli, lui rend hommage en retraçant, en presque deux heures, les grandes étapes de son existence et de sa carrière. Et si le film est touchant, il peine cependant à montrer quel homme politique était Georges Pompidou, sorti de sa passion pour l’industrie automobile et de sa volonté d’agrandir le marché commun. Le film cite beaucoup de grandes phrases tirées d’interviews données à la presse, de discours et de ses deux livres, le Noeud gordien et Pour rétablir une vérité.

Le film part de l’annonce du décès de Georges Pompidou, en pleine diffusion des Dossiers de l’écran. Il remonte à son enfance et à ses origines modestes dans une famille de paysans et d’enseignant­s. Il s’intéresse à son parcours scolaire, qui l’amène vers le professora­t de lettres, à Marseille puis au lycée Henri-iv à Paris. S’il ne participe pas à la Résistance, ce qui lui sera longtemps reproché, il est fasciné par

Charles de Gaulle et demande à intégrer son cabinet : « Je ne demande rien d’important, ni de brillant. Je n’apporte aucun génie, mais de la bonne volonté. Et, je crois, du bon sens», écritil. Les deux hommes ne se lâcheront pratiqueme­nt plus, jusqu’à ce que l’un remplace l’autre à la présidence après Mai 68.

ARCHIVES ET VACUITÉ DU TEMPS QUI PASSE

Ce que donne surtout à voir ce documentai­re, c’est le portrait d’un homme qui n’était pas destiné au pouvoir et qui a été élu à la tête du pays. Le film s’attarde et étire même le thème de son admiration pour le général de Gaulle, son dévouement, son travail acharné. Du coup, que reste-t-il ? De chouettes images d’archives, qui montrent la vacuité du temps qui passe. Quelques dates clés du XXE siècle, où il a dû se positionne­r. Quelques formules, aussi, rendues célèbres, comme « l’horloge mondiale ne s’est pas arrêtée », à la mort de Charles de Gaulle. Et des souffrance­s terribles, alors que la maladie le rongeait dans le plus total secret, puisqu’il a continué jusqu’au bout à assurer ses missions du chef d’état. «De Gaulle, porteur des principes de l’armée et de la nation regarde la France d’en haut; Pompidou, imprégné des valeurs de l’école de la République, la regarde d’en bas », assure le commentair­e. Ce qui le rend plus sympathiqu­e. Mais n’en dit pas plus long sur sa vision du monde, de la société, de la politique.

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