ROMAN GRAPHIQUE Rojîn, Kurde au XXIE siècle
La Liberté dans le sang, de Küdret Günes et Christophe Girard, Marabulles, 160 pages, 23,95 euros
Rojîn vit à Paris dans la « petite Turquie », rêvant des montagnes du Kurdistan. Mais son père lui a prévu un autre destin, en tentant de lui faire épouser un collègue turc. Fuyant sa nouvelle famille, refusant le mariage forcé, Rojîn est contrainte à l’exil. Sur les traces de ses origines, la jeune femme rejoint Diyarbakir, dans le Kurdistan turc. Sa tante y vit encore, attendant le retour de son mari yézidi, dont la famille n’a jamais accepté qu’il partage sa vie avec une musulmane. Rojîn découvre une communauté, le harcèlement de l’armée, la violence, la torture, les viols. À nouveau, elle est contrainte de fuir et décide de s’engager auprès des combattantes kurdes de Kobané, au nord de la Syrie, qui luttent contre Daech. Elle est capturée par les djihadistes et emprisonnée à Mossoul, en Irak. Vendue comme esclave, elle continue de croire en la liberté… Née en Turquie, après des études de journalisme et d’éducation sociale, puis de cinéma en France, Küdret Günes documente depuis vingtcinq ans l’histoire des Kurdes à travers des portraits d’exilés en France, de Béritans, ces nomades à la transhumance empêchée par l’armée turque dans l’est du pays, ou de personnalités politiques comme Leyla Zana, première députée kurde élue au Parlement turc. Avec force, s’inspirant ici de personnages et de faits réels, la scénariste a tenu une fois encore à dénoncer «la violence à laquelle les femmes kurdes sont soumises au Moyen-orient » dans ce premier roman graphique. Une incursion dans la fiction parce qu’elle peut colorer d’espoir la puissance d’un récit.