Le président de la République reste fidèle aux principes de la France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qu’il décline selon les circonstances.
Toute politique étrangère procède d’une confrontation entre des principes et des circonstances. Les principes sont fixes et reflètent une vision du monde qui gagne à n’être ni instable ni incertaine. Les circonstances sont changeantes et déterminent des rapports de force et des modes d’organisation de l’action en constante évolution. Une politique étrangère est dangereusement rigide si elle ignore la variabilité des circonstances et dérisoirement incohérente si elle oublie les principes qui la fondent. La cohérence n’exclut pas le mouvement car, comme le disait Le Bernin, « l’homme n’est jamais davantage luimême qu’en marchant ».
Chez Emmanuel Macron, les principes sont fondamentalement les mêmes que ceux qui, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, guident la France. Ce sont – permettez-moi cette référence – ceux d’un « centrisme sans frontières» associant ce qu’il y a de meilleur dans une droite délivrée de la tentation nationaliste et dans une gauche arrachée à ses dérives autoritaires. Les principes se ramènent pour l’essentiel à la volonté de tirer au jour une Europe assez libre, unie et respectée pour sortir de cette béance de l’histoire où l’avait plongée l’enchaînement tragique des deux guerres mondiales. Emmanuel Macron est porté par une conviction simple et puissante: fonder l’avenir de l’europe sur le service de la paix, du droit et de la liberté, gager le rétablissement d’une autorité politique et morale perdue sur le rejet de ce qu’il y a eu de pire en elle : la tentation prédatrice, l’écrasement des hommes par l’état, la violence entre les nations souveraines érigée en principe de vie international, l’indifférence bien partagée du capitalisme et du socialisme aux déséquilibres et aux pillages écologiques.
Nous nous sommes depuis 1945 efforcés de suivre cette feuille de route et certains ont pu croire, il y a une trentaine d’années, avoir fini par gagner la partie face à la barbarie du fascisme, du stalinisme et des guerres colonialistes. Or, c’était une illusion. Les circonstances sont là qui nous confrontent à une nouvelle phase de « brutalisation » du monde. Nous découvrons qu’après avoir cultivé ce qu’il y a de meilleur en nous – les valeurs universelles de liberté et d’égalité –, nous sommes menacés par leur exact contraire : la cupidité et le mépris, la volonté de dominer, d’humilier et d’écraser. La montée en
Nous redécouvrons l’obligation d’être forts pour être justes.
puissance « à toutes faces du monde » de la fragmentation, du ressentiment et de la violence nous oblige à une adaptation permanente et douloureuse de nos approches stratégiques. Nous redécouvrons l’obligation d’être forts pour être justes. Nous comprenons que le chemin de l’universel passe par la défense géopolitique de l’europe particulière dont nous sommes les héritiers et les garants. Emmanuel Macron décrit ce processus comme un abandon de la «naïveté ». Quelle naïveté ? La sienne peut-être, la nôtre sans nul doute qui nous a fait ignorer l’injonction du général de Gaulle : « La vie est un combat, le succès coûte l’effort et le salut exige la victoire. »