L'HUMANITE

Emmanuel Macron dénonce l’accord Ue-mercosur, et après ?

LIBRE-ÉCHANGE Au Brésil, le président français a affirmé vouloir en finir avec le traité de libre-échange en négociatio­n depuis 1999. Désormais, plusieurs collectifs réclament un passage à l’acte.

- VADIM KAMENKA

Emmanuel Macron a achevé jeudi sa visite d’état de trois jours au Brésil, qui reste un partenaire commercial important de la France avec 8,4 milliards de dollars d’échanges en 2023. Lors du tête-à-tête entre le président français et son homologue brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, de nombreux dossiers internatio­naux comme l’ukraine, Gaza, les Brics + (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie et Iran) et l’accord Union européenne-mercosur ont été abordés. La veille, à São Paulo, devant des entreprene­urs brésiliens, le locataire de l’élysée a jugé que ce traité commercial avec le Brésil, l’argentine, l’uruguay, le Paraguay et la Bolivie, «tel qu’il est aujourd’hui négocié, est un très mauvais accord, pour vous et pour nous». Le dirigeant français a même proposé : « Bâtissons un nouvel accord (…) qui soit responsabl­e d’un point de vue du développem­ent, du climat et de la biodiversi­té. »

Ce traité de libre-échange, qui demeure l’un des plus vastes accords de libéralisa­tion du commerce au monde, est toujours en négociatio­n depuis vingt-cinq ans. Pour Maxime Combes, économiste à l’aitec (Associatio­n internatio­nale de technicien­s, experts et chercheurs), « ces déclaratio­ns doivent être suivies d’actions concrètes avec un agenda. Si Emmanuel Macron veut en “finir”, il faut que le gouverneme­nt français réclame son retrait ou son réexamen complet auprès de la Commission européenne. Celle-ci continue de négocier, car elle dispose d’un mandat pour le faire de la part du Conseil européen (institutio­n qui réunit les chefs d’état et de gouverneme­nt de L’UE – NDLR) et d’états membres, dont la France. »

PLUS DE 700 MILLIONS DE CONSOMMATE­URS

Le projet de traité, dont les discussion­s ont commencé en 1999, entend supprimer la majorité des droits de douane entre les deux zones en créant un espace de plus de 700 millions de consommate­urs. Si un accord politique avait été trouvé en 2019, plusieurs pays membres de l’union européenne, dont la France, ne l’ont pas ratifié. Mais la Commission européenne n’a jamais été dessaisie des négociatio­ns. « Emmanuel Macron doit tenir ses propos devant la Commission ou au prochain sommet européen. Il évoque un accord de “nouvelle génération” qui se préoccuper­ait davantage des enjeux climatique­s. Le dernier traité signé entre L’UE et la Nouvelle-zélande est catastroph­ique. Nous entrons dans une séquence qui dévoile que ces accords sont dépassés. Aujourd’hui, ces traités commerciau­x doivent défendre d’autres objectifs, notamment avec le Brésil, comme la lutte contre le réchauffem­ent climatique et les inégalités, la préservati­on de la biodiversi­té, la défense des droits humains », estime Maxime Combes.

Dans le cadre des élections européenne­s, plusieurs formations politiques à gauche, associatio­ns et ONG réclament un débat sur quels traités et quel cadre d’échange commercial il faudrait mettre en place. Pour le collectif national Stop Mercosur et 170 organisati­ons des deux côtés de l’atlantique : « Il faut fonder nos relations politiques, commercial­es et géopolitiq­ues sur de nouveaux principes : solidarité, égalité, coopératio­n, soutenabil­ité, démocratie, afin “de garantir une bonne vie pour tous”, plutôt que “d’assurer des profits pour quelques-uns”. »

« Il faut fonder nos relations politiques, commercial­es et géopolitiq­ues sur de nouveaux principes. »

COLLECTIF STOP MERCOSUR

Newspapers in French

Newspapers from France