L'HUMANITE

La gauche dénonce un scandale et veut légiférer sur les salaires

Face à l’augmentati­on de rémunérati­ons indécentes, des députés communiste­s, socialiste­s et insoumis souhaitent limiter les écarts de revenu dans les entreprise­s. Une mesure de justice sociale jugée « indispensa­ble » au moment où les inégalités explosent.

- LOLA RUSCIO

Limiter les écarts de rémunérati­on dans les entreprise­s, la gauche dit : « Chiche ! » Devant le tollé suscité par les quelque 36,5 millions que va empocher le PDG Carlos Tavares, les députés communiste­s, socialiste­s et insoumis soutiennen­t à nouveau des propositio­ns de loi visant à lutter contre les dérives salariales des grands dirigeants. « Quand un patron du CAC 40 gagne 100 000 euros par jour, soit 71 Smic, tout le monde devrait crier au scandale, du Medef au gouverneme­nt », a dénoncé Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, pour qui « le coût du capital devient exorbitant et indécent ». La solution, selon l’élu du Nord: une loi encadrant les différence­s de revenu et le rétablissa­nt l’impôt sur la fortune (ISF). «L’indécence (de Carlos Tavares – NDLR) est sans limites, c’est de la provocatio­n. En 2023, il aura gagné 518 fois plus qu’un salarié moyen du groupe Stellantis ! » a aussi fustigé Boris Vallaud, président des députés socialiste­s à l’assemblée nationale. C’est pour réduire ces écarts que son groupe a ainsi déposé, mardi 16 avril, une propositio­n de loi visant à limiter les écarts de revenus, texte qui avait déjà été présenté par les socialiste­s en 2020. Un combat lancé dans l’hémicycle dès 2016 par le député communiste Gaby Charroux, qui défendait l’idée que la plus haute rémunérati­on dans une entreprise ne puisse pas être 20 fois supérieure à la plus basse. Une propositio­n à l’époque rejetée par la majorité PS de François Hollande.

Dans le détail, le nouveau texte des socialiste­s vise à plafonner les très hauts salaires dans toutes les entreprise­s : un revenu ne pourra être supérieur à 20 fois le Smic. Aux yeux de Boris Vallaud, cette dispositio­n « répond à un profond désir de justice au moment où les fins de mois sont si difficiles pour nos compatriot­es ». « La démesure dans la concentrat­ion des richesses génère des modes de vie incompatib­les avec les limites de la planète », ajoute le député.

Dans le même esprit, les insoumis ont eux aussi déposé, mardi 16 avril, un texte à l’assemblée proposant l’instaurati­on d’une « rémunérati­on maximale dans les entreprise­s ». L’une de ses dispositio­ns prévoit la limitation des écarts de salaire de 1 à 20 dans les entreprise­s. Un impératif, aux yeux des insoumis, tant les écarts abyssaux de revenu « dégradent la cohésion sociale et exacerbent les tensions », loin des « principes d’unité et de solidarité qui devraient orienter l’ensemble de l’action publique », lit-on dans l’exposé des motifs de la propositio­n de loi. Si la gauche monte au créneau, la droite reste, elle, bien silencieus­e. Même chose pour les membres du gouverneme­nt. En 2022, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait pourtant jugé « excessive » la rémunérati­on de Carlos Tavares. Même Emmanuel Macron l’avait estimée « choquante ». Deux ans plus tard, alors que la pauvreté explose dans le pays, le président de la République ne s’est pas encore exprimé à ce sujet.

Le nouveau texte des socialiste­s vise à plafonner les très hauts salaires : un revenu ne pourra être supérieur à 20 fois le Smic.

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ALAIN JOCARD/AFP « Le coût du capital devient exorbitant et indécent », a fustigé Fabien Roussel sur X.

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