L'HUMANITE

La résistance du maquis du Vercors enfin honorée

- ALICE TERRIER ET FLORENT LE DU

MÉMOIRE Emmanuel Macron a rendu hommage, ce mardi, à ces résistants qui, en 1944, ont subi l’attaque de la Milice française puis des troupes nazies, faisant plus de

800 morts. Une première pour un chef de l’état concernant ce maquis emblématiq­ue.

Dans le Vercors, personne ne se sentait héros ; ils étaient pourtant une grande menace pour l’allemagne nazie. Ce mardi 16 avril, un nouvel hommage a été rendu à ceux qui, lors de la Seconde Guerre mondiale, ont pris le maquis. Celui-ci avait une saveur particuliè­re. En huit décennies, des présidents de la République sont venus à Vassieux-en-vercors, mais jamais pour une visite officielle ou une commémorat­ion. C’était donc une première, décidée par Emmanuel Macron. « On attendait ça depuis quatreving­ts ans, s’est ému le résistant Daniel Huillier au micro de France Bleu Isère. C’est une reconnaiss­ance qui, pour moi, est justifiée et honore ceux qui se sont sacrifiés pour la liberté de la France, qui honore les copains qui sont tombés (…), tout ce que ces gens du Vercors et de France ont fait pour la libération de notre pays. »

Dans un discours très émouvant, Emmanuel Macron a salué ces « braves », parfois socialiste­s ou francs-maçons, habitants du Vercors ou fuyant l’horreur, qui ont choisi le « bon chemin » et ont « gravi les cimes, entre la liberté et le courage, pour la liberté et pour la France ». « Ce chemin du Vercors est le nôtre. Le côté du soleil et le côté de l’ombre, telle est notre dette à l’égard du Vercors. Les résistants ici avaient choisi la France libre, le côté du soleil, insiste-t-il. Sur ce plateau, depuis toujours, la liberté est comme chez elle. »

LA FRATERNITÉ SILENCIEUS­E DE LA POPULATION

Dans ce massif, dès 1942, des résistants volontaire­s, civils et militaires, s’entraînent à la lutte armée, recueillen­t des juifs et se préparent au débarqueme­nt de Provence, pour attaquer au même moment l’armée allemande. Ce 16 avril n’est pas une date choisie au hasard alors que la cérémonie se tient habituelle­ment le 21 juillet. Il y a quatreving­ts ans, le 16 avril 1944, débute le premier assaut d’envergure de la Milice française aux ordres du régime collaborat­ionniste contre les résistants du maquis, français et étrangers. Ils sont pourchassé­s, torturés, exécutés durant plusieurs jours. Le président de la République a aussi rappelé que, quelques jours après cette traque, 200 miliciens se sont rendus à l’église, non loin du maquis, pour assister à la messe. « Le curé les interpella : “Vous êtes les premiers terroriste­s que nous accueillon­s ici !” » cite Emmanuel Macron.

Quelques mois plus tard, en juillet, c’est au tour de l’armée allemande de s’en prendre aux résistants. Au total, cette année 1944 aura fait plus de 800 morts aux alentours du maquis, résistants comme habitants du Vercors alors fraternell­ement « silencieux ». Cette tragédie reste aujourd’hui encore un important traumatism­e pour les habitants de Vassieux, héritiers de ceux qui ont porté haut la lutte contre la haine et les valeurs d’entraide à l’origine de la République française.

Soucieux d’apparaître en chef de l’état rassembleu­r, Emmanuel Macron poursuit son année mémorielle, après avoir fait entrer les résistance­s communiste et étrangère au Panthéon avec Missak et Mélinée Manouchian. Cette commémorat­ion marque le début d’une longue séquence d’hommages à l’occasion des 80 ans de la Libération.

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LAURENT CIPRIANI/AFP Le président de la République, au cimetière de Vassieux-en-vercors, le 16 avril.

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