L'HUMANITE

Tesla licencie plus de 14 000 salariés

AUTOMOBILE Elon Musk a annoncé une réduction d'au moins 10 % des effectifs du groupe dans le monde.

- PIERRIC MARISSAL

Si on regarde Tesla comme un constructe­ur automobile, alors l’entreprise a du plomb dans l’aile. Les ventes sont en légère baisse, il y a des dizaines de milliers de voitures en stock qui ne trouvent pas preneur, si bien que la société se voit contrainte de baisser les prix pour les écouler… L’annonce du plan de licencieme­nt massif à l’échelle mondiale peut donc ainsi s’expliquer. « Nous avons effectué une analyse approfondi­e et pris la décision de réduire nos effectifs de plus de 10 % au niveau mondial », a envoyé par mail aux salariés Elon Musk.

Il y avait des signes avant-coureurs. Selon Bloomberg, les managers s’étaient ainsi vu demander de justifier le poste de chacun de leurs employés. Quant aux primes au mérite, affectionn­ées par le patron, elles étaient gelées. « Nous devons simplement rechercher chaque centime possible», avait annoncé le directeur financier, le 24 janvier.

Mais Tesla se voit aussi critiquée pour avoir abandonné, il y a une dizaine de jours, l’idée de produire une voiture électrique relativeme­nt accessible (25 000 dollars), au profit du chinois BYD, devenu premier constructe­ur mondial de véhicules électrique­s en volume.

ASPIRATEUR­S À DONNÉES

Elon Musk, lui, évoque plutôt « l’inefficaci­té du recrutemen­t due à une croissance rapide » et hausse les épaules : « Tous les cinq ans, environ, nous devons réorganise­r et rationalis­er l’entreprise pour la prochaine phase de croissance.» En réalité, il est plutôt intéressé par la future installati­on de la plateforme logicielle de Tesla concernant la conduite autonome de niveau 5. Il compte la présenter le 8 août, avec une offre de taxisrobot­s. « Ce sera surhumain », promet-il sur X. Même s’il n’y a que quelques endroits en Californie et en Chine où ce type de véhicule a l’autorisati­on de rouler. Ce lundi 15 avril, jour où il a envoyé son mail annonçant le plan de licencieme­nt, il lançait une promotion sur les abonnement­s logiciels à 100 dollars par mois, permettant la conduite autonome pour ses Tesla compatible­s.

Dès le départ, l’objet voiture était plutôt un prétexte. Ses véhicules sont pensés comme des smartphone­s: des supports logiciels et des aspirateur­s à données – chaque voiture étant truffée de capteurs. Ce sont aussi des moyens de financer ce qui intéresse réellement le patron: des technologi­es électrique­s et de l’intelligen­ce artificiel­le. Selon le mythe fondateur de Tesla, d’ailleurs (occultant par là qu’il a racheté l’entreprise mais ne l’a pas créée), Elon Musk voulait avant tout accélérer la transition vers les énergies renouvelab­les.

Quelle que soit la stratégie du patron, l’annonce n’en reste pas moins violente pour les salariés. Selon des premiers témoignage­s recueillis par le site d’informatio­ns Business Insider, des employés ont compris qu’ils étaient concernés dès ce mardi matin en voyant leur badge désactivé... Les salariés européens, de la gigafactor­y de Berlin en particulie­r, redoutent d’être particuliè­rement touchés à cause des grèves et du sabotage récent qui a frappé le site, revendiqué par un groupe écologiste.

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