Le logement social se distingue comme une solution particulièrement efficace pour répondre à ce double objectif. Il est un levier de sobriété foncière.
La gravité et l’ampleur de la crise du logement fragilisent désormais près d’un Français sur cinq. Dans ses formes les plus graves, 4,2 millions de personnes sont non ou très mal logées. Pour répondre à cette urgence, il est nécessaire de produire 400000 logements par an pendant encore au moins dix ans. Cependant, un acronyme peut sembler se dresser comme un rempart contre cet objectif : le fameux zéro artificialisation nette (ZAN) et ses 100 000 hectares restant pour répondre à l’ensemble des besoins de construction du pays d’ici à 2031. Lutter contre le mal-logement ne rime pourtant pas seulement avec construction neuve. En revanche, si notre modèle d’aménagement, caractérisé depuis des décennies par un urbanisme d’étalement, a gravement affecté la biodiversité et les qualités écologiques de nos sols, il n’a pas non plus suffi à résorber la crise du logement. L’extension urbaine choisie hier pour répondre aux besoins de logements abordables impose même aujourd’hui des dépenses contraintes aux ménages, qui vivent dans des pavillons peu performants, éloignés des commodités et dépendants de leurs voitures. Le ZAN apporte donc une opportunité unique et nécessaire de repenser notre façon d’habiter le territoire, vers un modèle simultanément respectueux des impératifs environnementaux et sociaux. Et c’est possible, grâce à une palette de leviers déjà connus et activés par certaines collectivités: densifier intelligemment nos villes, optimiser le bâti existant, renforcer la maîtrise des prix du logement et du foncier… Parmi eux, le logement social se distingue comme une solution particulièrement efficace pour répondre à ce double objectif. Majoritairement collectif, il consomme moins de foncier que l’habitat individuel. De plus, le logement social est déjà principalement érigé sur des terrains déjà urbanisés : en Îlede-france, 87% de la production HLM est faite en densification, recyclage, renouvellement urbain ; dans les Hauts-de-france, cela représente les deux tiers de la production HLM. Il garantit également que les logements produits demeurent des résidences principales à long terme, limitant ainsi la prolifération de résidences secondaires. Par ailleurs, les taux de vacance et de sousoccupation sont généralement moins élevés dans le parc social que dans le parc privé.
Il serait nécessaire de renforcer la loi solidarité et renouvellement urbain.
Pour cela, il serait nécessaire de renforcer la loi solidarité et renouvellement urbain (SRU), qui impose 20 ou 25 % de logements sociaux dans les communes de plus de 3 500 habitants, en pénalisant plus systématiquement les communes qui ne respectent pas leurs objectifs et en rehaussant les quotas de production dans les zones tendues et carencées. Malheureusement, alors que 2,6 millions de personnes sont dans l’attente d’un logement social et que la loi SRU est déjà inégalement respectée, elle est aujourd’hui remise en cause par le gouvernement, qui souhaite amoindrir ses exigences.