On peut créer des logements sans construire et protéger ainsi les sols et la biodiversité. Le ZAN est une opportunité à condition d’y mettre les moyens.
Considérée comme l’une des premières causes de l’effondrement de la biodiversité, aux côtés des pesticides, l’artificialisation des sols se poursuit en France à un rythme effréné. Chaque année, plus de 20 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers sont grignotés par l’étalement urbain. Cette bétonnisation détruit des espèces animales et végétales et contribue au réchauffement climatique en amoindrissant les capacités de stockage de carbone des prairies et des forêts. Revenir en arrière relève souvent d’une mission impossible, tant la restauration des fonctions écologiques des sols dégradés exige du temps et des moyens financiers considérables.
En France, la construction de logements représente les deux tiers de l’artificialisation des sols. Le modèle d’aménagement actuel ne permet ni de protéger les sols et la biodiversité, ni de venir en aide aux 4,2 millions de personnes encore mal logées. Bête noire de certains élus locaux, l’objectif zéro artificialisation nette (ZAN) est pourtant une formidable opportunité pour résoudre la crise du logement. Tout d’abord, créons des logements sans construire ! Alors même que le nombre d’habitats inoccupés augmente dans certaines collectivités, notamment en raison de la médiocrité du bâti et de leur faible isolation thermique, la construction de logements neufs perdure. Mobiliser et rénover le 1,2 million de logements en situation de vacance de longue durée relève donc du bon sens. En parallèle, plus de 3,5 millions de résidences secondaires en France, dont la moitié est détenue par 10 % des propriétaires, représentent aussi une réserve potentielle de logements. Le nombre de résidences secondaires est si élevé ans certains territoires (Agde, Nice, Antibes, Les Sablesd’olonne…) que les personnes qui y travaillent peinent à se loger sur place. Pour y remédier, instaurons une taxation progressive en fonction du nombre de biens détenus. Par ailleurs, sanctuariser des zones dédiées aux résidences principales, dans les documents d’urbanisme, semble également prioritaire.
La question du parcours résidentiel s’inscrit aussi dans l’objectif ZAN. Près de 23% des ménages français sont en situation de souspeuplement, avec 3 pièces ou plus que la normale, en particulier les personnes âgées seules. Si l’attachement au lieu de vie est un frein à la mobilité des seniors, il est crucial de répondre à leurs nouveaux besoins et de lutter contre la solitude. Développer des lieux de vie agréables et adaptés (habitats partagés, intergénérationnels, béguinage) devient alors une opportunité pour tous. Si ces solutions sont mobilisables par les collectivités locales, il est nécessaire de leur en donner les moyens. Son enveloppe a malheureusement été sabrée par le ministre de l’économie, mais c’est bien avec un fonds vert ambitieux que nous réussirons le pari de la transition écologique dans les territoires.
Mobiliser et rénover le 1,2 million de logements vacants relève du bon sens.