L'HUMANITE

« Pas de rentrée le 22 avril » en Seine-saint-denis

L’intersyndi­cale des enseignant­s du départemen­t a décerné un « zéro pointé » à Nicole Belloubet, après une réunion avec la ministre.

- OLIVIER CHARTRAIN

Huit semaines de mobilisati­on et déjà cinq entrevues avec des représenta­nts de l’état, y compris à Matignon, la semaine dernière : les syndicats enseignant­s de Seinesaint-denis sont pourtant repartis bredouille­s de leur rencontre avec la ministre de l’éducation, Nicole Belloubet, lundi 15 avril. En annonçant, comme ils l’avaient prévu au cas où leurs attentes seraient déçues, qu’il n’y aurait « pas de rentrée le 22 avril » dans le départemen­t – comme cela avait déjà été le cas le 26 février, au retour des vacances d’hiver.

« C’était lunaire », commente, remontée, Zoé Butzbach, de la CGT Éduc’action 93, qui faisait partie de la délégation : « Lorsque nous avons été reçus à Matignon, le 12 avril, on nous avait laissé entendre que nous aurions des annonces lundi. Mais, après deux mois de mobilisati­on, sur des revendicat­ions connues et chiffrées depuis le mois de décembre 2023, la ministre a l’air de découvrir le dossier et nous demande un mois de plus pour sortir des mesures concrètes ? Ce n’est pas sérieux ! »

Le ministère évoque «à moyen terme» un « renforceme­nt des moyens humains en vie scolaire », un examen des « besoins en termes de personnels médico-sociaux» et des « ajustement­s » en ressources humaines enseignant­es, mais uniquement pour les collèges et pour veiller à l’applicatio­n des groupes de niveau… dont professeur­s, parents et élèves exigent l’abandon. Aucune propositio­n chiffrée, en effet, quand le plan d’urgence pour l’éducation en Seine-saint-denis, connu depuis décembre 2023, évalue les besoins, notamment, à 5 000 postes de professeur­s, 650 AED (surveillan­ts), 320 assistants pédagogiqu­es et 175 CPE (conseiller­s principaux d’éducation)…

NOUVELLE JOURNÉE DE MOBILISATI­ON

Seule propositio­n un peu concrète : la comptabili­sation des élèves allophones, particuliè­rement nombreux dans le départemen­t, dans les effectifs des classes – ce qui, on le sait trop peu, n’est pas le cas jusqu’à présent. Mais la promesse ne s’accompagne d’aucune garantie sur les moyens, en personnel et en ouverture de classes, que ne manquerait pas d’entraîner cette comptabili­sation nouvelle. Le seul chiffre, en vérité, c’est ce nouveau délai d’un mois : « Ils jouent le pourrissem­ent contre un mouvement qui est historique : ce n’est pas une bonne idée », reprend Zoé Butzbach, qui rappelle que les 358 millions d’euros du plan d’urgence ne sont pas grand-chose au regard des 4 milliards que le gouverneme­nt s’apprête à mobiliser pour le SNU (service national universel) et l’uniforme, et donne rendez-vous pour manifester le 22 avril, dans un lieu voulu symbolique à Paris.

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