En plus du socle socialisé, il faut créer une couverture complémentaire par répartition et généralisée à l’ensemble de la population.
Les 75-84 ans étaient 4,1 millions en 2020, ils seront 6,8 en 2040. Cette situation est directement liée aux progrès sociaux, sociétaux et thérapeutiques, et il faut s’en féliciter. Toutefois, si l’espérance de vie s’accroît, le temps de vie avec incapacité devrait s’accroître plus rapidement, ces deux phénomènes provoquant une hausse sensible des besoins de santé et d’accompagnement des aînés. Cette situation nous engage, et nécessite de penser une stratégie de protection sociale en faveur du bien-vieillir. Mutualistes, nous sommes partie prenante du système de protection sociale. Notre conviction est que les protections sociales ne relèvent pas seulement de choix budgétaires, mais de décisions éminemment politiques qui relèvent des communs de la société. C’est pourquoi une telle stratégie doit s’appuyer sur deux piliers. Tout d’abord, une organisation institutionnelle pour en assurer la définition mais également le pilotage. Une étape nécessaire dans la structuration a été franchie avec la création de la 5e branche de Sécurité sociale. Force est toutefois de constater que les moyens affectés sont insuffisants avec un besoin de financement supplémentaire estimé au moins à 10 milliards d’euros par an. Par ailleurs, nous appelons au débat sur une loi de programmation pluriannuelle de moyens et d’objectifs pour accompagner la transition démographique et investir massivement dans la prévention. En effet, en matière de dépendance comme en santé, la meilleure dépense est celle que nous évitons. La prévention doit être effective tout au long de la vie professionnelle et personnelle. La prévention de la perte d’autonomie doit inclure le repérage précoce des vulnérabilités et aussi prendre en compte et accompagner les 11 millions d’aidants familiaux. Cette loi devra s’appuyer sur un socle de financement par la solidarité nationale le plus conséquent possible. En complément de ce socle socialisé, un second étage de financement paraît essentiel pour réduire le reste à charge très élevé pour les personnes en situation de perte d’autonomie et leur famille. En effet, si en santé il est parmi les plus bas de L’OCDE, à environ 200 euros par an en moyenne, du fait de l’intervention de l’assurance-maladie et des mutuelles, le niveau moyen pour les dépendances les plus lourdes atteint 12 000 euros.
La Mutualité française propose donc, avec France Assureurs, la mise en place d’une couverture complémentaire par répartition et généralisée à l’ensemble de la population active et retraitée pour financer ces situations de dépendance les plus lourdes (dites GIR 1 et 2). Cette proposition articulée avec l’allocation personnalisée pour l’autonomie et fondée sur un mécanisme de mutualisation large a le double mérite d’être solidaire et immédiatement effective. En matière de protection sociale, il n’y a pas d’évidence, il n’y a pas de vérité. Ce sont des choix de société quant à la manière dont nous souhaitons vivre ensemble. Il y a cependant une inconséquence : la procrastination.
Réaliser un repérage précoce des
vulnérabilités et une prise en compte des 11 millions d’aidants.