120 ans d’humanité pour un regard d’aujourd’hui
À l’occasion de l’anniversaire du journal de Jaurès, les archives départementales de Seine-saint-denis lui consacrent un événement et évoquent son parcours et ses luttes depuis sa création le 18 avril 1904.
Près de 350 mètres linéaires d’archives papier, deux millions de documents photographiques, qu’il s’agisse de tirages, de négatifs, de diapositives en couleurs. L’histoire de l'humanité depuis sa création en 1904 se lit ainsi aux archives départementales de la Seine-saintdenis qui en exposent une petite partie – mais comment faire autrement –, à partir du 25 avril, sous le titre «120 ans d’humanité, journal politique, journal populaire ». Vitrines et panneaux, avec de nombreuses illustrations, offrent un parcours à travers plus d’un siècle, avec un journal qui a donné une place sans pareille aux luttes sociales, anticoloniales, pour le progrès et la justice. D’abord comme journal socialiste dans la définition qu’en donnait Jaurès dans son premier éditorial du 18 avril 1904 intitulé « Notre but » et que l’on retrouve ici, bien entendu, avec l’ambition, déjà, de faire vivre un journal indépendant des puissances d’argent. Tâche difficile, disait-il, mais pas impossible. C’est toujours le cas, et nos lecteurs le savent. L’ambition aussi de donner la parole à toutes les organisations, qui, au-delà de leurs différences, voire malgré elles, se donnaient pour but l’émancipation humaine, libre des forces réactionnaires et de l’emprise du capital.
C’est d’abord à cette période de création du journal que s’attache l’exposition, avec une photo de la première rédaction, renforcée par les contributions alors de nombreux intellectuels. On aborde ensuite une seconde période, essentielle à la compréhension de son histoire dans ses liens avec la révolution soviétique et la création du Parti communiste. Le journal devient l’organe central du Parti, entendu comme « organisateur des luttes ».
PATRIMOINE NATIONAL
D’où l’interrogation de cette séquence du parcours, journal ou bulletin interne? Les deux parfois, et c’est en tout cas ainsi que le journal aborde les années trente, le Front populaire, la montée des fascismes. Les luttes sociales et contre la montée des périls y tiennent une place prépondérante, mais il s’ouvre aussi au sport, à la culture… On les retrouve à la Fête, créée par son directeur historique, Marcel Cachin, et dont la première édition a lieu le 7 septembre 1930 à Bezons, la Fête de l’humanité dont il n’est pas exagéré de dire qu’elle appartient au patrimoine national.
On ne saurait évoquer ici tous les épisodes de cette plongée dans l’histoire. Résistance avec le journal en feuilles ronéotypées et le sacrifice de milliers de résistants, guerres d’indochine et d’algérie, Mai 68 avec la grève de 13 millions de travailleuses et travailleurs, trop souvent sous-estimée, voire occultée.
Le journal d’aujourd’hui, qui a voulu honorer son créateur en se nommant désormais «Le journal fondé par Jean Jaurès », se veut résolument ouvert aux débats de toutes sortes, aux luttes féministes et sociétales, évidemment politiques et sociales, à toutes les forces de gauche, en gardant un lien particulier avec le PCF. Avec une rédaction jeune, il a engagé, comme tous les journaux, une évolution nécessaire vers le numérique. Le hors-série anniversaire qu’il vient de publier, avec le concours de l’universitaire Alexandre Courban, s’appuie sur ce travail considérable des archives départementales. Dans le même temps, le recueil Instantanés d'humanité, 120 ans d'un journal engagé a fait appel à 120 personnalités pour commenter 120 unes du journal. Une belle fête d’anniversaire, une grande leçon d’histoire.
Jusqu’au 31 décembre aux archives départementales de Seine-saintdenis, à Bobigny.