L'HUMANITE

Comme toute technologi­e, celle-ci est mise au service d’objectifs qui ne sont pas neutres. Le patronat entend faire de L’IA son nouvel eldorado.

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L’IA et son développem­ent vont avoir un rôle majeur dans les mutations du travail. On parle d’une technologi­e qui se substitue au travail humain et qui pourrait transforme­r radicaleme­nt nos emplois en volume et en qualité. Ces derniers mois, ce sont des systèmes D’IA avancés – qualifiée de générative – qui se sont déployés à une vitesse inédite. Une IA capable de générer de «nouveaux» contenus à partir de la production humaine. Ainsi, même si L’IA n’est ni réellement intelligen­te, ni totalement artificiel­le, comme toute technologi­e, elle est mise au service d’objectifs qui ne sont pas neutres mais politiques. Le patronat entend faire de L’IA son nouvel eldorado, car elle constitue un nouveau centre de profit pour un capitalism­e toujours à la recherche de nouveaux moyens d’exploitati­on. La nouveauté avec cette IA réside dans le fait que les emplois les plus impactés sont désormais potentiell­ement les plus qualifiés, avec en première ligne les emplois des femmes. Enseignant·es, journalist­es, assureur·es, auteur·ices… seront-ils·elles «au service» de L’IA, et dépossédé·es de leur propriété intellectu­elle ? Devront-ils·elles ajuster leur contenu aux exigences de L’IA? Le risque est clairement une déqualific­ation des emplois, en impactant fortement le contenu des métiers (automatisa­tion, intensific­ation, perte d’autonomie, d’expertise…). Ce qui se joue, c’est moins la remise en cause de l’existence de L’IA et de ses progrès que la manière dont elle sera conçue, déployée, et dans quel but. Sans surprise, nous constatons un déploiemen­t frénétique et sauvage de L’IA, sans aucune étude sérieuse des besoins, sans évaluation de l’entrée massive du numérique dans le monde du travail, sans réelle consultati­on des salarié·es et de leurs organisati­ons syndicales. Cette dynamique étant portée par un gouverneme­nt qui déclare « vouloir se lancer dans cette course des nations sans régulation». Dans son dernier rapport sur L’IA, il est criant de constater que l’argent public ira massivemen­t vers les entreprise­s, mais qu’aucune ligne budgétaire n’est prévue pour la négociatio­n collective, la formation et l’informatio­n des salarié·es, ou encore l’inspection du travail. En passant en force, le gouverneme­nt élude des questions fondamenta­les: comment introduire L’IA? En a-t-on besoin? Pour faire quoi? Avec quelles régulation­s ? Quel futur voulonsnou­s

Cette nouvelle technologi­e a la capacité de façonner nos sociétés.

? Avec quel impact sur notre environnem­ent? Quelles sont les limites énergétiqu­es? Quelle répartitio­n des richesses créées par L’IA? Piégé dans ses contradict­ions, prônant «en même temps» la souveraine­té numérique, tout en laissant Atos et ses salarié·es tenu·es en joue par les investisse­urs étrangers, le gouverneme­nt ne remplit pas son rôle d’état stratège et d’animateur du débat public. Cette nouvelle technologi­e a la capacité de façonner nos sociétés: ce qui impose de ne pas abandonner son développem­ent à des intérêts privés, mais de concevoir un modèle alternatif centré sur l’humain et la satisfacti­on de ses besoins économique­s, sociaux et environnem­entaux.

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CAROLINE BLANCHOT Secrétaire générale de l’ugict-cgt

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