POSTES DE TRAVAIL Comment faire le bon choix ?
6 TESTS : Acer, Apple, Dell, HP, Lenovo, Toshiba, de l’ultrabook durci au tout-en-un !
Bienvenue dans l’ère de la mobilité… et de la miniaturisation ! C’est désormais le constat – et donc les offres – chez l’immense majorité des constructeurs qui s’adaptent aux nouvelles contraintes et modes d’utilisation des entreprises. Selon Gartner, la croissance potentielle des ordinateurs 2-en-1 est de 70 % sur 2015. « La Surface Pro séduit car elle répond à tous les scénarios » , explique Agnès Van de Walle, chez Microsoft. Voici ce qui illustre bien le changement chez les professionnels, qui cherchent désormais des matériels plus proches de ce qu’ils connaissent et utilisent à la maison, tout en satisfaisant les impératifs professionnels. Car tout a rapidement changé en cinq ans : si la tablette ne s’est pas encore vraiment imposée, les ultrabooks poussés par Intel ont trouvé un certain écho, mais le marché n’est pas encore tout à fait mature.
« Les entreprises sont souvent perdues » au moment de choisir des machines, constatent quasiment tous les constructeurs. Ce qui se ressent dans les appels d’offres ! La prolifération des technologies a effectivement de quoi déstabiliser. Le tactile ? « Même pas 5 % du marché ! » , assure-t-on chez Acer. La 3G/4G ? Seuls 10 % des machines en sont équipées, répond Toshiba. Sur les PC fixes, c’est la miniaturisation qui fait un tabac : on voit apparaître des « mini » machines 1 L (un litre de volume) pour remplacer les grosses et encombrantes tours. A contrario, « Les tout-en-un représenteront 10 % des ventes en entreprise en 2016 » , souligne Dell qui mise gros sur ces machines. Bref : bienvenue dans un marché du PC bouillonnant, et encore en pleine évolution !
Core i5, 4 Go de RAM, disque dur mécanique de 500 Go et écran de 22 pouces pour environ 400 €, telle est la configuration- type du poste de travail de bureau qui se vend ces jours-ci en entreprise. Pour Vincent Rouyère, le directeur des services IT chez Ipsos qui supervise une flotte de 16 000 à 18 000 postes de travail, le plus étonnant dans tous ces chiffres est le prix, plus élevé qu’il ne fut à une époque. « Il y a eu une inversion de tendance. Auparavant, ce sont les entreprises qui étaient les premières acheteuses de PC. Aujourd’hui, c’est dans le grand public que
les constructeurs réalisent leurs plus gros volumes. Par conséquent, ils se battent moins pour casser les prix auprès des
professionnels » , observe-t-il. Il concède toutefois que c’est bien le prix final qui détermine toujours le fournisseur chez lequel une entreprise va acheter ses PC de bureau. Comme hier, l’entreprise n’a que faire d’un processeur et d’une carte graphique plus puissants que d’ordinaire. Pis, les besoins en capacité ne suivent même plus l’évolution des disques durs : « Nous utilisons de plus en plus d’applications sur le Web, avec des
données stockées dans s le Cloud. De fait, les équipements de base dont nous faisons aujourd’hui l’acquisitionquisition nous paraissent surdimensionnésnés par rapport
à nos besoins » , explique ainsi Stéphane Kersulec, DSI de Club Med, qui chapeaute un parc de 5 400 postes ostes de travail. Et voilà bien le problème ème des fabricants de PC : les applicationstions n’ont désormais plus besoin de matériel dernier cri pour fonctionner. « Nous s sommes clairement en phase de décroissance.e. Selon les derniers chiffres, fres, les ventes de PC de bureau, eau, toutes marques confondues, ont chuté de 12 % depuis l’année dernière » , se désole Karim Bousedra, le directeur marketing de la branche Postes utilisateurs chez Dell France. Et, selon lui, les budgets que les entreprises ne dépensent plus dans les PC sont justement déportés vers des projets en Cloud.
L’abandon de Windows XP, seule vraie raison de changer de PC
Pour autant, les entreprises n’ont pas subitement cessé d’acheter des PC. « Nous renouvelons notre flotte à cause de Windows XP. Ce système convenait très bien à nos usages. Malheureusement, il n’est plus supporté par son éditeur et, plus grave, les applications web modernes refusent de fonctionner dans son navigateur. C’est la raison qui nous a poussés à renouveler notre flotte de machines » , indique Stéphane Kersulec. Même son
de cloches chez Ipsos : « Nous renouvelons actuellement notre flotte de PC à un rythme plus soutenu que d’ordinaire afin d’éradiquer totalement Windows XP avant la fin du trimestre. Nous disposons de certaines machines qui étaient vendues à l’époque avec la double licence, Windows XP et Windows 7. Celles-ci n’ont pas besoin d’être remplacées, il nous suffit de les réinstaller en Windows 7. En revanche, celles qui n’ont pas de licence Windows 7 sont remplacées actuellement par des nouvelles, vendues avec la double licence Windows 7 et Windows 10. Cela concerne entre 10 % et 15 % de notre parc de PC » , témoigne Vincent Rouyère.
Olivier Van Den Daele, responsable du développement des ventes produits chez Fujitsu France, confirme que l’arrêt de Windows XP est plus un facteur de renouvellement dans les grandes entreprises
que l’arrivée de Windows 10 : « Tous les groupes importants ont désormais des roadmaps pour migrer le plus tard possible vers le dernier système de Microsoft, c’est- à- dire uniquement lorsque celui qu’ils utilisent n’est plus supporté. Si bien que l’offre PC professionnelle d’aujourd’hui est encore majoritairement proposée en double licence Windows 7-Windows 8.1. Windows 10 n’arrivera que dans quelques semaines comme système officiel, mais ce n’est pas un problème technique : les entreprises veulent juste pouvoir déployer
un master Windows 7 et être déjà en règle avec les licences Microsoft pour le jour où elles seront contraintes de déployer du Windows 10 » , explique-t-il. Pour sa part, Vincent Rouyère dénonce un système qui n’est même pas encore prêt techniquement
pour les entreprises : « Nos tests sont sans appel. Windows 10 pose pour l’heure trop de problèmes applicatifs ! Notre client VPN Cisco ou notre antivirus McAfee ne fonctionnent tout simplement pas. Même les outils Active Directory de Microsoft ne sont plus compatibles ! À mon avis, Windows 10 ne sera même pas envisageable techniquement avant un an » , s’enflamme-t-il ! Est-ce à dire que le marché du PC professionnel, déjà en déconfiture, ne connaîtra plus que des sursauts lorsqu’un Windows
sur trois arrivera en fin de vie ? Olivier Van Den Daele ne se veut pas aussi pessi
miste : « Le détail technique d’un Windows en fin de vie ou d’un autre arrivé à maturité suffisante n’aura une influence significative que sur les ventes de PC aux PME. Dans les grands groupes, le PC reste un bien que l’on acquière par abonnement ; on étale la facture de la flotte sur des mensualités et l’on exige que le matériel soit remplacé tous les quatre ou cinq ans. Ce qui nous laisse l’opportunité de nous renouveler » , estime-t-il.
La disparition du lecteur DVD et des vis
Et en parlant de renouvellement, il y a quelque chose qui a changé dans le PC que les entreprises achètent aujourd’hui : le design est plus compact, plus ergono
mique. « Les mini- tours se généralisent, et ce n’est pas qu’une question de mode. Le fait est que l’espace accordé à chaque salarié est de plus en plus réduit. Les entreprises exigent des postes de travail moins encombrants et plus silencieux pour réduire le bruit dans l’open space » , témoigne Olivier Van Den Daele. Chez Dell, où l’on note aussi que la demande est désormais majoritaire pour des tours qui mesurent à peine 20 cm de haut, on s’étonne en revanche que les entreprises n’aient pas
encore basculé sur les configurations AllIn- One, qui intègrent l’unité centrale der
rière l’écran. « Les ventes de configurations All- In- One sont tout de même en croissance, mais pas autant que les mini-tours. Je pense cependant que ce n’est qu’une question de temps. Historiquement, les PC tout- en-un avaient des écrans trop petits, en basse résolution. Désormais, nous proposons des configurations en 24 pouces 4K. Ces machines présentent un double intérêt : on gagne en productivité à ne plus chercher si un câble est branché et elles sont plus fiables, car il n’y a qu’une alimentation qui peut tomber en panne, au lieu de deux sur un poste avec écran séparé » ,
commente Karim Bousedra.
Autre nouveauté, la disparition du lec
teur de DVD. « Non seulement plus personne n’utilise de DVD, mais, en plus, le retrait de ces lecteurs est une demande unanime dans tous les cahiers des charges. Les entreprises voyaient dans ce device une source de problèmes de sécurité, permettant aux salariés d’installer sur les machines des logiciels non conformes sans passer par le pare- feu » , indique Karim Bousedra. Selon lui, le retrait du lecteur va de pair avec la généralisation dans les PC professionnels d’un logiciel d’administration à distance, qui n’existe pas dans les PC grand public et qui permet de déployer les OS, les applications et les mises à jourr depuis les bureaux de la DSI. Il est à noter que les constructeurs s’accordent à dire que c’est l’intégration de cette nouvelle couche logicielle d’administration qui expliquerait que les PC professionnels soient subitement devenus plus chers que les PC grand public. Enfin, le PC professionnels n’ont pratiquement plus de vis ; chez Fujitsu, le boîtier se démonte avec des boutons poussoirs, de la même manière que ceux qui servent à remplacer facilement les disques sur les baies de stockage des datacenters. « Notre support ne doit plus perdre de temps inutilement lorsqu’il intervient. Par conséquent, un PC – y compris un portable – doit pouvoir se démonter en un quart d’heure » ,
conclut Vincent Rouyère. ✖