La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme*
Depuis plusieurs semaines, avant et après l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, il ne se passe pas un jour sans que l’on nous rebatte les oreilles avec deux sujets : le hacking du comité démocrate et de la messagerie de John Podesta, d’une part, et la diffusion de fausses nouvelles au travers les réseaux sociaux, d’autre part. Le point commun est la provenance de la chose : la Russie. Ce sont des hackers russes agissant avec la bénédiction du gouvernement et de Vladimir Poutine lui-même qui ont organisé le piratage et c’est aussi de Russie que sortent la plupart de ces histoires abracadabrantesques qui abusent les gogos, lesquels demeurent nombreux. Bref, tous les mots et les maux de la terre viennent de Russie. Le tout sans le moindre indice ou pièce concrète venant à l’appui de ces allégations, ce que d’ailleurs n’a pas manqué de souligner un membre influent du gouvernement russe : .
«Apportez des preuves ou taisez-vous»
Il n’est nullement dans notre propos de défendre M. Poutine. Nous savons pertinemment que les Russes sont capables de telles actions et ne s’en privent certainement pas. Mais pas plus ni moins que les Chinois, les Israéliens, les Français, les Anglais, d’autres encore sans oublier les champions toutes catégories : les Etats-Unis.
La Russie devient même obsessionnelle dans certains cas. Très récemment, une société de sécurité baptisée Whiteops a dévoilé une gigantesque opération de fraude publicitaire qui aurait coûté près de 200 millions de dollars aux annonceurs américains et rapporté autant aux cybercriminels, moins les frais pour mettre en place une telle arnaque. Baptisé Methbot, cette opération a consisté à utiliser un réseau de bots répartis sur environ 500 000 adresses IP différentes localisées aux USA pour faire croire à de l’affichage publicitaire sur des sites comme CBS, ESPN, Fox News… Dans un document de 30 pages, Whiteops décrit par le menu le fonctionnement de l’arnaque, laquelle est une vieille recette remise au goût du jour par l’utilisation de bots. Tout ceci est précis, documenté. Mais un détail nous a préoccupé. Le début du « livre blanc » indique qu’il s’agit d’un groupe de cybercriminels russes. Dont acte, sauf qu’à aucun moment, il n’est indiqué comment Whiteops en est arrivé à ses conclusions. Ce sont des cybercriminels russes et puis c’est tout. Nous sommes priés de les croire sur parole.
A nouveau, nous ne prétendons pas que les Russes se comportent comme des agneaux venant de naître. Le pays forme et abrite ce qui se fait de mieux dans le hacking sur la planète, à des fins d’espionnage ou de cybercrime. Mais les voir derrière chaque affaire de piratage et ce sans apporter un quelconque début de commencement de preuve devient pénible.