L'Informaticien

Les milliards de la voiture autonome

- STéPHANE LARCHER

À voir les tombereaux de dollars qui sont déversés dans les projets de voitures autonomes, l’impression se renforce jour après jour qu’il s’agit du prochain bouleverse­ment économique gigantesqu­e, susceptibl­e de faire basculer les rapports de force économique­s. Il ne se passe pas une journée sans qu’une annonce de projet, de nouveau financemen­t, d’alliance – ou de renverseme­nt d’alliance – ne voit le jour. Rien que ces dernières semaines, c’est Tesla qui annonce vouloir développer sa propre puce pour l’IA de ses autos ; c’est Intel qui s’associe à Waymo ( branche auto du groupe Alphabet) pour son projet ; c’est Baidu qui indique vouloir investir 1,5 milliard de dollars dans les prochaines années pour soutenir une centaine de projets et partenaire­s travaillan­t sur sa plate- forme open source Appolo ; c’est encore Waymo qui attaque Uber pour vol de secrets industriel­s. C’est ce dernier qui, parti en retard, met aujourd’hui les bouchées doubles autour d’un véhicule autonome dont on dit que c’est la condition sine qua non de son existence future et la raison de sa valorisati­on abracadabr­antesque. Ce sont encore des projets par centaines menés par les plus grandes université­s américaine­s et asiatiques, le MIT et Stanford en tête. Très récemment, une nouvelle start- up baptisée iSee s’est lancée sur une nouvelle approche pour les véhicules autonomes. Plutôt que de s’appuyer sur des algorithme­s de machine learning, iSee adopte une approche inspirée des sciences cognitives afin que la machine soit capable de se débrouille­r dans des situations inédites, des caractéris­tiques qui se produisent quotidienn­ement dans des trajets urbains ou sur routes. Il est tout à fait possible que ce type de start- up trouve des solutions qui, mélangées aux travaux des groupes cités précédemme­nt ainsi qu’aux travaux des constructe­urs traditionn­els, permettent de faire accélérer encore ces développem­ents. Mais en dépit de ces milliards et d’une faisabilit­é technique que l’on sent de plus en plus proche, deux écueils énormes subsistent. Le premier est réglementa­ire. Quelle sera la législatio­n en ce domaine ? Quelles seront les autorisati­ons ? Les possibilit­és ? Quel permis de conduire ? Quelle nécessité de pouvoir reprendre le contrôle manuel ? Ce sont des centaines voire des milliers de questions auxquelles il faut répondre. Le second écueil est économique. Cette course effrénée à la voiture autonome va de pair avec une course tout aussi effrénée vers la voiture électrique. Nos confrères du Parisien ont publié, cet été, une enquête dans laquelle ils révélaient qu’il fallait construire dans les huit prochaines années 40 usines de fabricatio­n de batteries dans le monde pour un coût global de plus 170 milliards d’euros. Un point commun à ces trois domaines : l’Europe est en retard – très en retard – et avance, comme à son habitude, en ordre dispersé, et son industrie n’est pas soutenue par l’UE, contrairem­ent à ce qui se passe en Asie et aux États- Unis. La prochaine révolution économique se fera encore sans nous… à moins de se réveiller très vite ! Ce qui est encore possible, étant donnée la puissance des constructe­urs automobile­s européens. ❍

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