Big is beautiful… ou la fi n des start- up ?
Et si Station F arrivait trop tard ? Bien trop tard… Et si l’ère des start- up, des entreprises que l’on monte à partir d’une idée, que l’on démarre dans un garage ou chez un incubateur, avec une première et petite levée de fonds, était révolue ? L’idée ne va pas plaire au moment où chaque capitale du monde plaide pour un développement sans retenue de ces entreprises. Paris n’est pas en reste et le Cargo, Station F, Le village, Agoranov et tous les autres ont fl euri ces derniers temps. La province – de l’est à l’ouest, du nord au sud – n’est pas en reste et nous nous en sommes fait l’écho dans ces colonnes. Mais tout ceci est peut- être derrière nous et l’avenir appartiendrait aux monstres : GAFAM et leurs équivalents chinois BATX ( Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi). Sans oublier Huawei, en passe de devenir un géant marchant sur les plates- bandes de Cisco, IBM, Samsung et autres et qui devrait réaliser près de 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires cette année. C’est en tous les cas la thèse défendue par notre confrère Jon Evans, de Techcrunch. Celui- ci considère que les nouveaux développements, l’IA, les drones, la voiture autonome, la réalité virtuelle, les monnaies virtuelles, l’Internet des Objets, sans oublier l’informatique quantique, sont des domaines qui nécessitent beaucoup de talents, bien sûr, mais également beaucoup d’argent, de données, et d’un écosystème pré- existant. Certes, plusieurs de ces jeunes pousses vont trouver de nouvelles idées et d’autres se feront racheter, mais il est possible qu’un bon nombre d’entre elles restent sur le carreau. C’est d’ailleurs le sentiment qui prédomine en Silicon Valley où les fonds d’amorçage vont pour la première fois baisser en 2017. M. Evans prend l’exemple des vingt dernières années coupées en deux périodes. La période de 1997 à 2006 a vu l’explosion de Google, Facebook, Amazon grâce à l’économie du Web. De 2007 à 2016, ce sont AirBnB, Uber, WhatsApp, Instagram, Snap… autour des smartphones et de leurs applications. Mais, aujourd’hui, que se passe- t- il ? Les gros ont repris le pouvoir et dominent à nouveau outrageusement le marché, y compris et surtout dans les nouveaux axes présentés ci- dessus. Pour illustrer son propos il prend l’exemple d’Y Combinator, l’un des plus grands incubateurs de la vallée. Durant les six dernières années, il a fi nancé deux fois plus d’entreprises que durant les six premières de son existence. Et pourtant, au bout de 12 ans, ses principales réussites demeurent celles de la première période : AirBnB, Dropbox et Stripe. Depuis, plus rien ou presque. M. Evans a- t- il raison ou tort ? Il nous est diffi cile de trancher mais il nous semblait indispensable de vous faire part de son analyse et de la prendre en compte dans les réfl exions qui alimentent le fi nancement de cette nouvelle économie. ❍