NFV : les opérateurs cherchent de la flexibilité
LE « NETWORK FUNCTIONS VIRTUALIZATION » ( NFV) EST L’IDÉE SELON LAQUELLE LES OPÉRATEURS DOIVENT VIRTUALISER LES SERVICES DE LEURS RÉSEAUX POUR, IN FINE, LES EXTRAIRE DE LA COUCHE MATÉRIELLE. LE CONCEPT, APPARU IL Y A ENVIRON CINQ ANS, COMMENCE À SE RÉPAND
Un opérateur de télécommunication est schématiquement architecturé de la façon suivante : une infrastructure de réseau pour le transport des données, lesquelles sont exploitées sur une plate- forme dédiée sur laquelle fonctionnent des applications qui consomment les données. C’est un schéma classique mais archaïque, dont la principale problématique est d’être extrêmement rigide. C’est pourquoi les opérateurs, comme le monde de l’informatique au sens large, a commencé par migrer ses infrastructures IT dans le Cloud et à utiliser de la virtualisation. Jusque- là rien de très original : ils profitent ainsi de toutes les fonctionnalités inhérentes au Cloud computing. Par la suite, pour gagner en agilité, les applications qui consomment de la donnée se sont, elles aussi, transformées pour, plus récemment, migrer vers des architectures sous forme de conteneurs, avec du développement continu sous forme de méthodologie DevOps notamment. La grande majorité des opérateurs a déjà mis en place ces systèmes qui sont pour tout ou partie en production. « Aujourd’hui, les processus et les infrastructures sont matures, mais il reste un inconvénient : la rigidité, que l’on retrouve dans les opérations. C’est tout l’ensemble qui doit encore se transformer, car les opérateurs ont plus que jamais besoin de flexibilité pour innover de manière élastique, c’est- à- dire sur certains segments » , analyse Christian Ligier, responsable des ventes et télécommunications EMEA de Red Hat. Avant le NFV, les opérateurs achetaient donc des appliances auprès de fournisseurs. Mais cela se résumait finalement assez souvent par des « boîtes noires » , pas forcément interopérables entre elles.
Le NFV s’impose doucement en France
Le NFV change cette vision des choses : « Le positionnement de Red Hat, c’est de proposer une couche neutre qui soit “la Suisse ” de l’infrastructure, indépendante de l’application » , et donc du fournisseur, plaisante Christian Ligier. Pour cela, il s’entoure donc de partenaires du matériel jusqu’aux applications en passant par la partie sécurité. Sur ce dernier point, il est intéressant de noter que l’Anssi ( Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) est vigilante sur l’intégralité des déploiements NFV réalisés par les opérateurs. Elle émet même des recommandations fortes, et va jusqu’à orienter vers tel ou tel fournisseur. Car des doutes subsistent encore : peut- on assurer que les environnements NFV sont suffisamment résistants à des attaques de type DDoS qui sont de plus en plus complexes et puissantes ? Pas certain, estime Masergy, un fournisseur indépendant de technologies SD- WAN notamment. Pour accélérer dans le NFV, plusieurs entreprises ont conclu une alliance fin septembre. Il s’agit de Red Hat avec le Français Atos, mais aussi Dell- EMC, Intel, Juniper Networks et VMware. En attendant, chaque opérateur avance à son rythme. En France, SFR a pris des risques et lance des applications sur périmètre réduit avec un certain succès visiblement. Orange a lui aussi été rapide à opter pour une approche NFV. ❍
« Aujourd’hui, les processus et les infrastructures sont matures, mais il reste un inconvénient : la rigidité » Christian Ligier responsable des ventes et télécommunications EMEA de Red Hat