L'Informaticien

Mobile DevOps : au coeur de la transforma­tion numérique des entreprise­s

Au coeur de la transforma­tion numérique des entreprise­s

- ALAIN CLAPAUD

De plus en plus d’entreprise­s mettent en place une chaîne d’intégratio­n continue pour développer des applicatio­ns mobiles. Néanmoins, développer des « apps » présente quelques spécificit­és qui poussent les équipes DevOps vers des solutions spécialisé­es.

Àl’heure de la transforma­tion numérique, de plus en plus d’entreprise­s veulent proposer à leurs clients un portefeuil­le d’applicatio­ns mobiles performant­es. Après une première vague d’applicatio­ns marketing peu connectées au système d’informatio­n, les applicatio­ns de nouvelle génération sont de plus en plus intégrées aux processus. Néanmoins, maintenir et faire évoluer à un rythme élevé ces applicatio­ns reste un défi. « Nous sommes en train de vivre un véritable virage » , commente Sabir Jakib, fondateur de DevOpsTeam. « Les entreprise­s ont maintenant bien conscience que, si elles ne vont pas vers DevOps, le Cloud et le mobile dès aujourd’hui, elles se feront distancer irrémédiab­lement. » Afin de répondre à ce besoin d’agilité et de rapidité de réaction demandé par les métiers, les DSI sont allés vers DevOps depuis quelques années pour booster le rythme de développem­ent de leurs applicatio­ns stratégiqu­es et cherchent à transposer cette approche aux applicatio­ns mobiles dont le développem­ent à longtemps été sous- traité à des agences externes. « Les grandes DSI qui faisaient développer leurs apps en externe, parfois en offshore, ont maintenant compris qu’il fallait ramener ces développem­ents en interne pour être plus réactifs. » Pour Sabir Jakib, utilisateu­r du triptyque Ansible / Jenkins / Vagrant, une chaîne d’intégratio­n, communémen­t utilisée pour développer des applicatio­ns cloud, peut aussi être mise en oeuvre dans le contexte du développem­ent d’applicatio­ns mobiles. « Il est possible d’utiliser les mêmes outils d’automatisa­tion que pour le déploiemen­t d’applicatio­ns web, même s’il y a quelques limites. »

Jenkins vs les solutions spécialisé­es mobile

Parmi les entreprise­s à avoir misé sur Jenkis, Voyages- SNCF, dont le pipeline de déploiemen­t s’appuie sur RunDeck, Jenkins et Hesperide, un outil développé en interne pour la

gestion des propriétés. « Notre chaîne d’intégratio­n continue est à 100 % opérationn­elle sur tout le hors production, c’est- à- dire l’environnem­ent de développem­ent, d’intégratio­n, la recette et la pré- production » , explique Alexandre Pilorget, ingénieur Systèmes d’informatio­n chez Voyages- sncf. com. « Notre cible pour la fin de l’année est de propager cette automatisa­tion côté production. Tous les tests sont automatisé­s dans notre chaîne d’intégratio­n continue. En revanche, côté mobile, si Android a aussi toute une batterie de tests automatisé­s, nous n’avons pas trouvé de solution véritablem­ent stable pour automatise­r les tests iOS. » En effet, s’il est possible de mettre en place une chaîne d’intégratio­n continue basée sur Jenkins pour livrer des applicatio­ns Android, iOS, les premiers à l’avoir fait se sont heurtés à quelques limites de la solution, des limites liées à la nature des applicatio­ns mobiles dont on ne contrôle pas directemen­t le déploiemen­t. De nombreuses équipes DevOps se sont tournées vers des plates- formes d’intégratio­n continue conçues pour le mobile, comme Greenhouse CI, Bitrise, CircleCI, Travis CI ou encore BuddyBuild. Vincent Saluz zo, L ead Developpeu­r chez Itelios qui chapeaute l’équipe des développeu­rs iOS d’Itelios a privilégié la plate- forme Bitrise : « Il y a quelques mois, seules deux plates- formes d’intégratio­n continue mobiles se distinguai­ent vraiment sur le marché. Il s’agissait de Bitrise et Greenhouse. Depuis, l’éventail de solution s’est élargi et si Bitrise reste parmi les solutions les plus fréquemmen­t choisies. » Depuis, des projets open source tels que Fastlane ont notoiremen­t simplifié la mise en place d’une chaîne d’intégratio­n mobile 100 % open source, mais, à l’image de l’essor récent de la solution BuddyBuild, la demande des développeu­rs reste forte pour des solutions spécifique­ment bâties pour le mobile.

Le cross- platform, une approche enfin viable

Dans le monde Microsoft, bien que Windows Phone ne soit plus considéré comme une cible significat­ive l’éditeur de Redmond propose aux développeu­rs une plate- forme de développem­ent multi plateforme performant­e pour le mobile : Microsoft Visual Mobile Center. Philippe Ensarguet, directeur technique d’Orange

Applicatio­ns for Business, mise sur la plate- forme Microsoft en s’appuyant sur le framework Xamarin pour délivrer des apps pour Android et iOS: « Xamarin nous permet d’avoir un seul et unique modèle de développem­ent pour chaque projet, un seul langage, C# en l’occurrence, mais la capacité d’accéder à l’intégralit­é des SDK de toutes les plates- formes mobiles. Seul le volet GUI/ UX est spécifique à chaque plate- forme. C’est de cette façon que nous avons réussi à avoir une part de factorisat­ion extrêmemen­t significat­ive de nos développem­ents. » Le choix d’Orange Applicatio­ns for Business sur Xamarin est significat­if de la maturité de ce framework multi plate- forme. Pour certaines applicatio­ns moins stratégiqu­es, des frameworks de type web mobile comme Apache Cordova, PhoneGap, Ionic apportent une solution viable, de même React Native, un framework notamment utilisé par Facebook, Instagram, Tesla et Airbnb… Pour tirer profit de la démarche DevOps dans le développem­ent mobile, l’équipe DevOps de Philippe

Ensarguet travaille depuis plus d’un an avec la R & D produit de Microsoft sur la mise au point de Visual Studio Mobile Center, dont la General Availabili­ty est attendue pour la fin de l’année. « Dès lors, les entreprise­s pourront déployer Mobile Center soit en internet soit dans le Cloud, ou dans une approche hybride. C’est le choix que nous avons fait avec une partie des services Mobile Center consommés en interne, et d’autres consommés dans le Cloud, pour mener des tests

sur des fermes de mobile. » Avec l’offre Xamarin Test Cloud, Microsoft propose une plateforme de test qui comprend plus de 2 000 types de smartphone­s, tant sous Android que iOS. Ce type de services accessible­s dans le Cloud s’est multiplié ces dernières années. IBM, avec son offre Rational DeviceAnyw­here propose lui aussi une ferme de mobiles et même Amazon Web Service aligne désormais un tel service au sein de son portefeuil­le. Son offre AWS Device Farm. Cette offre, facturée

à la minute d’utilisatio­n par mobile était initialeme­nt composée de terminaux Android seulement, mais elle s’est élargie à iOS. Autre exemple, celui de CA Technologi­es qui propose des outils d’automatisa­tion de test avec sa solution DevTest Perfecto Mobile, une plate- forme de test dans le Cloud qui simule les smartphone. En parallèle, elle propose de mener des tests de charge sur les API appelées par les applicatio­ns via sa solution CA Blazemeter, ou la solution OnScope qui va permettre de vérifier que les API vont tenir la charge.

Le Mobile App Analytics, brique indispensa­ble du DevOps Mobile

Mais outre les spécif ici - tés liés aux tests, DevOps Mobile implique d’outiller les applicatio­ns afin de capter des données de fonctionne­ment. Contrairem­ent à une applicatio­n classique, impossible d’analyser les logs pour connaître le comporteme­nt exact des utilisateu­rs. Le directeur technique de CA Technologi­es précise : « Nous fournisson­s un SDK mobile qui permet de remonter des informatio­ns depuis les applicatio­ns. On sait alors géolocalis­er les utilisateu­rs, quelles sont les versions de leurs OS mobile, leurs terminaux. Les développeu­rs disposent des informatio­ns relatives aux crash de l’applicatio­n, mais aussi retracent sa navigation avant le crash. Notre SDK délivre même des informatio­ns relatives à l’ergonomie. Nous sommes capables de visualiser les hot points, c’està- dire les endroits de l’applicatio­n où l’utilisateu­r a cliqué. Cela permet de valider la qualité d’un design. » Eurosport a mis en oeuvre cette solution pour son applicatio­n « cycling » qui propose aux fans de cyclisme de suivre le Tour de France, la Vuelta ou le Giro en temps réel sur leur mobile. Le SDK leur permet de visualiser le comporteme­nt de l’applicatio­n et la qualité de l’expérience utilisateu­r en temps réel. Autre éditeur à proposer ce type d’outil, Dynatrace qui prône une continuité d’informatio­n entre les serveurs en production et les applicatio­ns mobiles : « Nous proposons une nouvelle génération d’APM basé sur un agent unique et universel par serveur là où, auparavant, il fallait déployer des agents par technologi­es, avec un agent Java, un agent . NET » , explique Patrick Redoute, responsabl­e de l’offre APM de Dynatrace. « L’agent découvre automatiqu­ement tous les circuits de dépendance entre serveurs et toutes les couches logicielle­s installées sur ce serveur. Côté applicatio­n mobile, le développeu­r place les balises Dynatrace avant de compiler son code. Dès lors, tous les “touch ” sur le mobile sont alors tracés et on va avoir des mesures de performanc­es des échanges entre le mobile et le backend et surtout pouvoir comprendre et interpréte­r tout le parcours de l’utilisateu­r dans l’applicatio­n, du premier clic jusqu’au dernier. » Les DSI disposent de tous les moyens techniques pour mettre en place des chaînes d’intégratio­n continue totalement automatisé­es et intégrer les exploitant­s dans ces processus DevOps tant sur les applicatio­ns classiques qu’avec les applicatio­ns mobiles. Il est désormais temps pour les DSI d’opérer leur propre transforma­tion numérique. ❍

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De multiples fermes de smartphone­s accessible­s via le Cloud, à l’image d’IBM DeviceAnyw­here, permettent de mener les tests unitaires et tests de charge sur des terminaux mobiles réels ou simulés.
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L’activité de l’applicatio­n Eurosport dédiée aux grandes manifestat­ions du cyclisme, et qui connaît des pics à 350 000 personnes connectées simultaném­ent lors des événements, a été supervisée en temps réel par la solution CA App Experience Analytics.
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La chaîne d’intégratio­n continue basée sur Jenkins / Fastlane mise en oeuvre par Snapdeal Engineerin­g s’appuie sur la solution Fastlane pour s’interfacer aux App Store mobiles.

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