Intelligence artificielle : de la théorie à la pratique
DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE
Au- delà des déclarations publiques de certaines entreprises, et des démonstrations de force comme celle de Google, avec AlphaGo notamment, l’IA est avant tout de plus en plus une réalité dans certaines « petites » entreprises. Machine Learning et Deep Learning ne sont pas que l’apanage des Gafam et autres grandes entreprises, sans compter que la France tente aussi de se placer dans la course, notamment avec la mission Villani.
« Pour moi, l’Intelligence artificielle est avant tout l’industrialisation des tâches cognitives. C’est ce que l’on voit aujourd’hui. Nous sommes dans la deuxième étape de l’ère de l’industrialisation. » C’est l’analyse de Grégory Renard, fondateur de XBrain, une entreprise française spécialisée dans le deep et Machine Learning ainsi que le big data, tant pour le secteur automobile que dans le service client. Pour lui, la première étape fut celle de l’industrialisation des tâches musculaires, c’est- àdire tout ce que peut physiquement faire l’Homme. Elle aura mis trois décennies pour transformer la société dans son ensemble. La seconde révolution, cognitive donc, « ira beaucoup plus vite. L’enjeu est majeur : la transformation se fera en une, voire 1,5 décennie » , prophétise- t- il.
Quand les politiques s’en mêlent
Grégory Renard est aussi l’une des personnes à l’origine du rapport France IA. Remis à l’ex- président François Hollande en mars 2017 au terme d’une mission de trois mois menée par 559 chercheurs, il comporte 59 mesures concrètes pour faire de la France une championne en la matière. In fine, il tente de répondre à une question : comment faire de la France un fleuron dans le domaine de l’Intelligence artificielle ? Emmanuel Macron a donc repris le flambeau, et pour cela il a conféré au célèbre mathématicien français – et député LREM – Cédric Villani, par le biais du Premier ministre, une mission sur l’Intelligence artificielle. Son rapport arrivera sur le bureau du président en janvier. L’objectif est « d’arrêter une stratégie nationale » et en même temps de « fixer des règles à l’utilisation et au développement de cette Intelligence artificielle » , rappelait Édouard Philippe en septembre. D’après les premiers murmures, le rapport se veut déjà très concret, pragmatique, orienté vers des propositions possibles à mettre en oeuvre mais aussi « transversal » afin « d’aider le gouvernement à faire les bons choix » , dixit Cédric Villani. Point positif : Emmanuel Macron a compris l’urgence de la situation. Par urgence, il s’agit surtout de ne pas laisser aux Gafam mais aussi aux Chinois des BATX ( Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) le monopole sur une technologie, au sens large, capable de remodeler le futur économique, sociétal et social. Mi- novembre à Paris, le premier congrès parlementaire sur l’IA a d’ailleurs eu lieu, rassemblant nombre de personnalités politiques – ou non – à l’instar du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, de Cédric Villani bien entendu, de la députée LR Laure de la Raudière ou encore Jean- René Cazeneuve, député LREM du Gers et accessoirement ancien cadre dirigeant d’Apple France, puis de Bouygues Telecom. Objectif de ce grand rassemblement : faire en sorte que la France devienne une future championne mondiale en matière d’IA. « Car on perçoit plus les menaces que ses aspects bénéfiques » , a reconnu Laure de la Raudière. « L’Intelligence artificielle n’est pas un problème technologique mais un