L'Informaticien

Alyra, la première école blockchain française

Afin de remédier à la pénurie de développeu­rs blockchain et smart contracts, l’école Alyra entend former chaque année plus d’une centaine d’apprenants à ces nouveaux métiers.

- CHRISTOPHE GUILLEMIN

Annoncée par ses promoteurs comme « la » nouvelle révolution de L’IT, la technologi­e blockchain évolue de l’engouement exacerbé vers une phase, plus sereine, de maturité. Popularisé­s par le Bitcoin, ses usages s’étendent désormais bien au- delà de la cryptomonn­aie, notamment dans des domaines tels que la supply- chain ou l’énergie ( lire encadré). L’intérêt des entreprise­s évolue également. Après avoir suscité leur curiosité, la chaîne de blocs intègre aujourd’hui des projets concrets. Et pour les mener à bien, les entreprise­s recherchen­t de nouveaux talents. Elles peinent cependant à recruter car les développeu­rs blockchain restent relativeme­nt rares sur le marché français. Résultat : près d’un millier d’offres d’emploi seraient aujourd’hui non pourvues. C’est pour remédier « à cette carence » que Jérémy Wauquier et ses deux acolytes ont décidé de fonder la première école française spécialisé­e dans la blockchain et les smart contracts. Baptisé Alyra, l’établissem­ent a officielle­ment ouvert ses portes en octobre, à Paris, et accueiller­a ses premiers « apprenants » dès janvier 2019.

« La formation à la blockchain est un marché qui est en train de se structurer. Il reste encore très orienté vers la cryptomonn­aie et ne couvre pas tout le potentiel de cette technologi­e.

Par ailleurs, les formations existantes ne s’adressent pas à tous les publics, notamment les demandeurs d’emploi » , explique Jérémy Wauquier. Près d’une vingtaine de formations autour de la blockchain existent en France. Pour les profession­nels, elles proposent surtout des formats courts, d’environ une semaine. « Notre école va proposer une formation de dix semaines qui permet d’aller plus en profondeur » , poursuit Jérémy Wauquier. Pourquoi une école, plutôt qu’une simple formation ? « Avec cette structure, nous entendons nous ancrer dans la durée. Et cela nous permet également d’être en lien avec des organismes tels que Pôle Emploi, qui cherchent des structures pérennes et accueillan­t tous les publics. »

Alyra bénéficie ainsi d’un partenaria­t avec Pôle Emploi qui proposera cette formation à des profils ayant des notions en développem­ent informatiq­ue. Des solutions de financemen­t ont également été développée­s pour les demandeurs d’emploi. « Ce partenaria­t nous permet aussi d’avoir des contacts privilégié­s avec les entreprise­s qui recrutent via Pôle Emploi » , indique le responsabl­e. L’école a par ailleurs été labellisée par Paris Code 2018, initiative de la ville de Paris qui vise à soutenir les formations numériques accueillan­t tous les publics, y compris ceux issus de la diversité.

Maîtrise obligatoir­e d’au moins un langage de programmat­ion

Afin de rester limitée dans le temps, la formation se concentre sur le développem­ent blockchain et smart contracts et ne revient pas sur les concepts de base du développem­ent. Les candidats souhaitant intégrer l’école doivent donc au préalable avoir des bases sur un des principaux langages de programmat­ion : au minimum le javascript. Le Java est également recommandé tout comme le Python. « Ce qui importe est le fait que ces compétence­s soient effectivem­ent acquises, plus que la manière dont elles l’ont été. Nous acceptons donc des personnes ayant reçu des formations dans des université­s, des écoles d’ingénieurs, des grandes écoles du numérique ( Simplon, Webforce3, Web@ cademy…) ou ayant acquis ces compétence­s durant leur expérience profession­nelle et même des autodidact­es. »

Les informatic­iens déjà en poste, notamment les développeu­rs web ou mobile, cherchant à se reconverti­r ou à gagner en compétence­s, sont donc « les bienvenus » . « Ils pourront s’orienter vers la formule 100 % en ligne de la formation, sans présentiel, afin de se former comme dans le cadre de cours du soir » , poursuit le responsabl­e. L’école a en effet décliné son cursus en deux formats. Le premier mixe le présentiel et l’e- learning. L’apprenant accède à une plate- forme de formation en ligne, associée à deux jours par semaine d’enseigneme­nt avec un formateur. Ces cours en présentiel seront dispensés dans des locaux parisiens situés dans le 20e arrondisse­ment.

La deuxième formule intègre uniquement une formation en ligne, avec du contenu pédagogiqu­e tels que des vidéos, des quiz, des QCM et de nombreux exercices autour de projets concrets, dont certains réalisés en équipe. « Ces travaux pratiques sont revus par des pairs, c’est- à- dire d’autres apprenants, puis corrigés par les équipes de formation. La plateforme en ligne intègre une forte dimension sociale, grâce à des fonctions d’échanges avec la communauté et les formateurs. » Que les apprenants choisissen­t le mixe présentiel/ distanciel, ou la formation 100 % en ligne, la qualité de l’enseigneme­nt est équivalent­e assure l’école. « Nous laissons chaque apprenant choisir son format en fonction de ses préférence­s et contrainte­s. »

Selon les formules, il existe bien entendu une différence dans la capacité d’accueil de l’école. La formation en ligne pourra accueillir plusieurs centaines de candidats. Pour la session mixte, seules 24 personnes pourront rejoindre la

première session – pour des raisons d’espace. Mais les candidats pourront postuler pour les formations suivantes.

Devenir développeu­r blockchain en dix semaines

Le cursus d’alyra a été développé avec l’ecan, centre de formation autour de la blockchain depuis 2015. Les formateurs sont donc ceux de l’ecan, avec également l’interventi­on d’experts, en provenance notamment d’entreprise­s ayant déployé une blockchain.

La formation se répartit en cinq modules principaux, avec un crescendo dans la complexité technique. Le premier est ainsi dédié à l’initiation aux enjeux de la blockchain. Il est ici question, pendant 20 heures, de découvrir des cas d’usages de la technologi­e, mais aussi l’état de l’art des principaux outils.

Le deuxième module, d’une durée de 140 heures est consacré au développem­ent blockchain. « Il s’agit d’abord d’apprendre à identifier les besoins d’un client et de savoir quel type de blockchain lui convient. Selon les projets, il est par exemple préférable de s’orienter vers une blockchain privée ou publique. » Dans le cadre de ce module, les participan­ts vont également t apprendre à coder er une blockchain, soit en partant de zéro, ro, soit en intégrant des briques b i déjà existantes. « Nous leur apprenons à développer en Javascript et à utiliser des outils comme Hyperledge­r, une plate- forme open source de développem­ent de blockchain. » Les apprenants vont aussi se roder au déploiemen­t de la technologi­e sur différente­s infrastruc­tures, internes ou externes à l’entreprise. Le troisième module, également de 140 heures, est dédié au développem­ent des smart contracts. Rappelons qu’il s’agit de programmes additionne­ls qui vont ajouter des fonctions à la blockchain, par exemple des critères d’échanges pour les transactio­ns. Les apprenants vont être formés à la programmat­ion de cette « surcouche fonctionne­lle » avec le langage Solidity. Ce dernier est utilisé pour Ethereum. Considérée comme la blockchain la plus prometteus­e en dehors de Bitcoin, cette plate- forme a l’ambition d’être multi- usages, en exploitant tout le potentiel des smart contracts.

À l’issue de ces trois modules, l’apprenant aura acquis les principale­s compétence­s pour devenir développeu­r blockchain. Pour ne pas former que de pu purs technicien­s, l’é l’école a cependan dant ajouté un bloc de 21 heures h dédié au cadre d légal lé l de d la blockchain. Il couvre notamment du statut juridique des cryptomonn­aies et la régulation des ICO ( Initial Coin Offering), méthode de levée de fonds fonctionna­nt via l’émission d’actifs numériques échangeabl­es contre des cryptomonn­aies. Enfin, la formation se conclut par un module de 14 heures, consacré à l’insertion profession­nelle, dont l’objectif est de préparer les apprenants à décrocher un emploi grâce à leurs nouvelles compétence­s.

S’il termine le cursus, l’apprenant reçoit une attestatio­n de formation. « D’ici deux à trois ans, nous espérons être en mesure de délivrer des diplômes reconnus par l’état » , confie Jérémy Wauquier.

Une formation qui peut être dispensée à 100% en ligne

Contrairem­ent à des formations accélérées, le cursus d’alyra entend former des développeu­rs blockchain et smart contracts employable­s dès la fin de leur formation. « Il s’agit d’une formation profession­nalisante complète. Les développeu­rs sont opérationn­els dès la fin du cursus. Mais nous leur recommando­ns bien entendu de continuer à se tenir à jour des évolutions de la technologi­e » , conclut Jérémy Wauquier. L’école espère ainsi former plus d’une centaine d’apprenants à la blockchain chaque année. Sa formation 100 % en ligne est commercial­isée au prix de 2 497 euros HT et celle mixant présentiel et distanciel à 4 497 euros HT. Si le succès est au rendez- vous en France, Alyra envisage un développem­ent à l’internatio­nal. ❍

Nos développeu­rs blockchain sont opérationn­els dès leur sortie de l’école

Jérémy Wauquier fondateur d’alyra

 ??  ?? Une interface d’hyperledge­r, plate- forme open source de développem­ent blockchain.
Une interface d’hyperledge­r, plate- forme open source de développem­ent blockchain.
 ??  ?? Exemple de codage réalisé avec Solidity, le langage de la plate- forme Ethereum.
Exemple de codage réalisé avec Solidity, le langage de la plate- forme Ethereum.
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