Alyra, la première école blockchain française
Afin de remédier à la pénurie de développeurs blockchain et smart contracts, l’école Alyra entend former chaque année plus d’une centaine d’apprenants à ces nouveaux métiers.
Annoncée par ses promoteurs comme « la » nouvelle révolution de L’IT, la technologie blockchain évolue de l’engouement exacerbé vers une phase, plus sereine, de maturité. Popularisés par le Bitcoin, ses usages s’étendent désormais bien au- delà de la cryptomonnaie, notamment dans des domaines tels que la supply- chain ou l’énergie ( lire encadré). L’intérêt des entreprises évolue également. Après avoir suscité leur curiosité, la chaîne de blocs intègre aujourd’hui des projets concrets. Et pour les mener à bien, les entreprises recherchent de nouveaux talents. Elles peinent cependant à recruter car les développeurs blockchain restent relativement rares sur le marché français. Résultat : près d’un millier d’offres d’emploi seraient aujourd’hui non pourvues. C’est pour remédier « à cette carence » que Jérémy Wauquier et ses deux acolytes ont décidé de fonder la première école française spécialisée dans la blockchain et les smart contracts. Baptisé Alyra, l’établissement a officiellement ouvert ses portes en octobre, à Paris, et accueillera ses premiers « apprenants » dès janvier 2019.
« La formation à la blockchain est un marché qui est en train de se structurer. Il reste encore très orienté vers la cryptomonnaie et ne couvre pas tout le potentiel de cette technologie.
Par ailleurs, les formations existantes ne s’adressent pas à tous les publics, notamment les demandeurs d’emploi » , explique Jérémy Wauquier. Près d’une vingtaine de formations autour de la blockchain existent en France. Pour les professionnels, elles proposent surtout des formats courts, d’environ une semaine. « Notre école va proposer une formation de dix semaines qui permet d’aller plus en profondeur » , poursuit Jérémy Wauquier. Pourquoi une école, plutôt qu’une simple formation ? « Avec cette structure, nous entendons nous ancrer dans la durée. Et cela nous permet également d’être en lien avec des organismes tels que Pôle Emploi, qui cherchent des structures pérennes et accueillant tous les publics. »
Alyra bénéficie ainsi d’un partenariat avec Pôle Emploi qui proposera cette formation à des profils ayant des notions en développement informatique. Des solutions de financement ont également été développées pour les demandeurs d’emploi. « Ce partenariat nous permet aussi d’avoir des contacts privilégiés avec les entreprises qui recrutent via Pôle Emploi » , indique le responsable. L’école a par ailleurs été labellisée par Paris Code 2018, initiative de la ville de Paris qui vise à soutenir les formations numériques accueillant tous les publics, y compris ceux issus de la diversité.
Maîtrise obligatoire d’au moins un langage de programmation
Afin de rester limitée dans le temps, la formation se concentre sur le développement blockchain et smart contracts et ne revient pas sur les concepts de base du développement. Les candidats souhaitant intégrer l’école doivent donc au préalable avoir des bases sur un des principaux langages de programmation : au minimum le javascript. Le Java est également recommandé tout comme le Python. « Ce qui importe est le fait que ces compétences soient effectivement acquises, plus que la manière dont elles l’ont été. Nous acceptons donc des personnes ayant reçu des formations dans des universités, des écoles d’ingénieurs, des grandes écoles du numérique ( Simplon, Webforce3, Web@ cademy…) ou ayant acquis ces compétences durant leur expérience professionnelle et même des autodidactes. »
Les informaticiens déjà en poste, notamment les développeurs web ou mobile, cherchant à se reconvertir ou à gagner en compétences, sont donc « les bienvenus » . « Ils pourront s’orienter vers la formule 100 % en ligne de la formation, sans présentiel, afin de se former comme dans le cadre de cours du soir » , poursuit le responsable. L’école a en effet décliné son cursus en deux formats. Le premier mixe le présentiel et l’e- learning. L’apprenant accède à une plate- forme de formation en ligne, associée à deux jours par semaine d’enseignement avec un formateur. Ces cours en présentiel seront dispensés dans des locaux parisiens situés dans le 20e arrondissement.
La deuxième formule intègre uniquement une formation en ligne, avec du contenu pédagogique tels que des vidéos, des quiz, des QCM et de nombreux exercices autour de projets concrets, dont certains réalisés en équipe. « Ces travaux pratiques sont revus par des pairs, c’est- à- dire d’autres apprenants, puis corrigés par les équipes de formation. La plateforme en ligne intègre une forte dimension sociale, grâce à des fonctions d’échanges avec la communauté et les formateurs. » Que les apprenants choisissent le mixe présentiel/ distanciel, ou la formation 100 % en ligne, la qualité de l’enseignement est équivalente assure l’école. « Nous laissons chaque apprenant choisir son format en fonction de ses préférences et contraintes. »
Selon les formules, il existe bien entendu une différence dans la capacité d’accueil de l’école. La formation en ligne pourra accueillir plusieurs centaines de candidats. Pour la session mixte, seules 24 personnes pourront rejoindre la
première session – pour des raisons d’espace. Mais les candidats pourront postuler pour les formations suivantes.
Devenir développeur blockchain en dix semaines
Le cursus d’alyra a été développé avec l’ecan, centre de formation autour de la blockchain depuis 2015. Les formateurs sont donc ceux de l’ecan, avec également l’intervention d’experts, en provenance notamment d’entreprises ayant déployé une blockchain.
La formation se répartit en cinq modules principaux, avec un crescendo dans la complexité technique. Le premier est ainsi dédié à l’initiation aux enjeux de la blockchain. Il est ici question, pendant 20 heures, de découvrir des cas d’usages de la technologie, mais aussi l’état de l’art des principaux outils.
Le deuxième module, d’une durée de 140 heures est consacré au développement blockchain. « Il s’agit d’abord d’apprendre à identifier les besoins d’un client et de savoir quel type de blockchain lui convient. Selon les projets, il est par exemple préférable de s’orienter vers une blockchain privée ou publique. » Dans le cadre de ce module, les participants vont également t apprendre à coder er une blockchain, soit en partant de zéro, ro, soit en intégrant des briques b i déjà existantes. « Nous leur apprenons à développer en Javascript et à utiliser des outils comme Hyperledger, une plate- forme open source de développement de blockchain. » Les apprenants vont aussi se roder au déploiement de la technologie sur différentes infrastructures, internes ou externes à l’entreprise. Le troisième module, également de 140 heures, est dédié au développement des smart contracts. Rappelons qu’il s’agit de programmes additionnels qui vont ajouter des fonctions à la blockchain, par exemple des critères d’échanges pour les transactions. Les apprenants vont être formés à la programmation de cette « surcouche fonctionnelle » avec le langage Solidity. Ce dernier est utilisé pour Ethereum. Considérée comme la blockchain la plus prometteuse en dehors de Bitcoin, cette plate- forme a l’ambition d’être multi- usages, en exploitant tout le potentiel des smart contracts.
À l’issue de ces trois modules, l’apprenant aura acquis les principales compétences pour devenir développeur blockchain. Pour ne pas former que de pu purs techniciens, l’é l’école a cependan dant ajouté un bloc de 21 heures h dédié au cadre d légal lé l de d la blockchain. Il couvre notamment du statut juridique des cryptomonnaies et la régulation des ICO ( Initial Coin Offering), méthode de levée de fonds fonctionnant via l’émission d’actifs numériques échangeables contre des cryptomonnaies. Enfin, la formation se conclut par un module de 14 heures, consacré à l’insertion professionnelle, dont l’objectif est de préparer les apprenants à décrocher un emploi grâce à leurs nouvelles compétences.
S’il termine le cursus, l’apprenant reçoit une attestation de formation. « D’ici deux à trois ans, nous espérons être en mesure de délivrer des diplômes reconnus par l’état » , confie Jérémy Wauquier.
Une formation qui peut être dispensée à 100% en ligne
Contrairement à des formations accélérées, le cursus d’alyra entend former des développeurs blockchain et smart contracts employables dès la fin de leur formation. « Il s’agit d’une formation professionnalisante complète. Les développeurs sont opérationnels dès la fin du cursus. Mais nous leur recommandons bien entendu de continuer à se tenir à jour des évolutions de la technologie » , conclut Jérémy Wauquier. L’école espère ainsi former plus d’une centaine d’apprenants à la blockchain chaque année. Sa formation 100 % en ligne est commercialisée au prix de 2 497 euros HT et celle mixant présentiel et distanciel à 4 497 euros HT. Si le succès est au rendez- vous en France, Alyra envisage un développement à l’international. ❍
Nos développeurs blockchain sont opérationnels dès leur sortie de l’école
Jérémy Wauquier fondateur d’alyra