L’appel de Paris pour un cyberespace « ouvert, sûr, stable, accessible et pacifique »
Ami, entends- tu les cris sourds d’internet qu’on enchaîne ? Tel est le cri d’alarme de cet « Appel de Paris » , présenté par Emmanuel Macron à l’occasion de l’internet Governance Forum, qui s’est tenu du 12 au 14 novembre à Paris. Il s’agit en effet de sauver un Internet qui se veut qualitatif et vertueux des menaces qui pèsent sur lui. Cyberattaques, espionnage, lutte d’influence sont autant de dangers pour cet Internet et pour la démocratie elle- même. Le président de Microsoft en personne l’assure : « nous voyons depuis 2016 des attaques utilisant les technologies de l’information pour tenter d’ébranler les processus démocratiques d’autres pays » . En outre, « il y a eu près de 1 milliard de personnes victimes de cyberattaques, les deux principales étant Wannacry et Notpetya, qui émanaient d’états » , a rappelé Brad Smith. Des acteurs, étatiques comme privés, cherchent donc à déstabiliser des pays entiers. « Il faut des accords pour éviter la guerre numérique qui serait catastrophique » , expliquait ainsi notre ministre des Affaires étrangères, Jean- Yves Le Drian. Cet accord, l’appel de Paris, a été signé par 51 États, 93 acteurs de la société civile et 218 partenaires du secteur privé. Ni les États- Unis, ni la Russie, ni la Chine n’y ont apposé leur signature toutefois.
Dans ce texte, les signataires rappellent leur volonté de relancer le processus d’élaboration d’un « code de bonne conduite » , au point mort depuis 2017. Ils y réaffirment leur « soutien à un cyberespace ouvert, sûr, stable, accessible et pacifique » , déclarent être résolu à « agir de concert » contre les campagnes de cyberattaques et les tentatives de pertuber les processus électoraux, tout en gardant une certaine mesure, par exemple en ne répliquant pas à des cyberattaques par d’autres cyberattaques. Emmanuel Macron appelle pour sa part à réformer la gouvernance du Forum et à en faire une organisation à part entière sous l’égide de L’ONU, à l’instar de l’unesco, et à inventer un mode d’organisation qui fera coopérer acteurs publics et privés. Le président de la République a accueilli à l’élysée divers représentants du monde d’internet, et a notamment annoncé travailler avec Facebook à la lutte contre les fake news. Ce qui n’a pas manqué de faire sourire en coin, sachant que d’une part Mark Zuckerberg refuse d’être entendu par les parlementaires sur Cambridge Analytica et de l’autre que Facebook, comme Google, font partie des généreux donateurs qui financent ce Forum.