L'Informaticien

Salwa Toko, présidente du Conseil national du Numérique : « Le CNNUM n’est pas un agitateur politique mais un éclaireur »

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Un an après la crise qui a entraîné la dissolutio­n de la formation précédente, la nouvelle présidente du CNNUM nous dépeint les grands chantiers sur lesquels les trente membres du conseil, nommés en mai dernier, vont travailler ces deux prochaines années.

QUELS SONT LES GRANDS CHANTIERS SUR LESQUELS PLANCHE LE CNNUM DEPUIS VOTRE NOMINATION ?

❚ Salwa Toko : Depuis le début de la nouvelle mandature, nous avons tout de suite été mis dans le bain suite au lancement des États généraux sur la régulation des plates- formes. Nous l’avons lancée dès la fin juillet avec Mounir Mahjoubi et nous y avons beaucoup participé en tant que co- organisate­ur de ce grand chantier, notamment en intervenan­t dans les quatre groupes de travail sur les thématique­s abordées : la régulation économique, la régulation sociale et la protection des travailleu­rs, la régulation sociétale avec des sujets assez précis, par exemple l’accès des mineurs aux contenus à risque, l’addiction aux écrans, la diversité des contenus, etc., et enfin les modes et moyens de régulation.

A minima un membre du CNNUM par groupe de travail a participé aux différente­s sessions qui ont été mises en place. La création de ces États généraux a été assez exceptionn­elle dans le sens que c’est la première fois que l’on a un vrai travail interminis­tériel et inter- administra­tion pour essayer de penser le chantier législatif et régulateur du numérique de demain. C’est un moyen de faire un état des lieux et de voir quelles sont les premières pistes qui commencent à émerger. Sur chaque groupe de travail, on a réuni quasiment l’ensemble des administra­tions et des régulateur­s concernés, de sorte à faire émerger des problémati­ques plus précises. L’apport du CNNUM a été de suivre l’ensemble des travaux, on était le seul organisme à être sur les quatre groupes pour pouvoir non seulement émettre des recommanda­tions et des premières pistes, mais aussi de coordonner l’ensemble des travaux.

QUELLES SONT LES ÉCHÉANCES DE CES ÉTATS GÉNÉRAUX ?

❚ Les résultats de cette phase 1 ont été présentés en octobre, nous sommes en train de les affiner pour pouvoir les présenter lors de l’internet Governance Forum, qui s’est tenu du 12 au 14 novembre à Paris, dans lequel le CNNUM est également impliqué en tant que co- organisate­ur auprès du ministère des Affaires étrangères et de l’ambassadeu­r au numérique. Pour la phase 2, nous avons émis l’envie de faire plus d’auditions physiques et nous nous préparons à rencontrer des entreprise­s, plus une grande consultati­on auprès de la jeunesse. Mais je reste attentive

à d’autres choses qui pourraient être mise en place, dans la mesure de nos capacités. Il n’y a pas vraiment d’échéance fixe, c’est en fonction de l’avancement des travaux. Ce qui est notable dans ces États généraux, c’est la mise en place du forum de consultati­ons pour recueillir des avis d’experts, que nous allons poursuivre au- delà de cette première phase qui s’achève parce que nous estimons avoir besoin de continuer à travailler sur certains champs. Il y avait la volonté d’avoir une consultati­on assez large auprès de l’ensemble des acteurs mais aussi d’avoir un examen plus poussé et des auditions physiques qui vont se dérouler de deux façons : des auditions de grandes entreprise­s qui ont déjà commencé à faire l’état des lieux avec le secrétaire d’état au Numérique et une autre consultati­on que nous allons réaliser auprès de la jeunesse, car il serait dommage d’oublier les jeunes quand on veut penser au numérique de demain. On va mener cette consultati­on notamment avec Qwant et d’autres partenaire­s, on est en train de voir comment impliquer l’éducation nationale. Il serait intéressan­t aussi d’avoir une consultati­on à l’échelle européenne de la jeunesse, étant donné qu’on est sur des enjeux de vision et de compréhens­ion différente­s de ces enjeux.

IL NE S’AGIT DONC PAS, CONCERNANT CE FORUM, D’UNE CONSULTATI­ON PUBLIQUE AINSI QUE LES PREMIÈRES ANNONCES POUVAIENT LE LAISSER PENSER ?

❚ Non, il y a peut- être eu un micmac en termes de communicat­ion. La gestion de ces données aurait été compliquée et nous ne sommes pas en mesure de le faire. En outre, on touche à des sujets qui nécessiten­t une certaine pédagogie auprès du grand public. Et c’est justement un autre chantier que je voudrais lancer dans le cadre de cette mandature, qui rentre dans le chapeau de ce que j’appelle l’inclusion numérique. Pour faire participer le grand public, il faut déjà que ce grand public comprenne mieux tous les

 ??  ?? 2010 - 2017 Coordinatr­ice nationale à la Fondation Agir contre l’exclusion ( Face) de Seine- Saint- Denis
2010 - 2017 Coordinatr­ice nationale à la Fondation Agir contre l’exclusion ( Face) de Seine- Saint- Denis
 ??  ?? 2002 - 2008 Directrice exécutive adjointe de LC2- TV, chaîne béninoise de programmes télévisés
2002 - 2008 Directrice exécutive adjointe de LC2- TV, chaîne béninoise de programmes télévisés
 ??  ?? Avril 2018 Fonde Becomtech
Avril 2018 Fonde Becomtech
 ??  ?? Depuis mai 2018 Présidente du Conseil National du Numérique
Depuis mai 2018 Présidente du Conseil National du Numérique
 ??  ?? Cofonde Wifilles, programme piloté par la Fage Seine- Saint- Denis
Cofonde Wifilles, programme piloté par la Fage Seine- Saint- Denis
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