L'Informaticien

Zero Trust : Akamai repense la sécurité

Ne pensez plus Akamai comme un simple CDN, mais comme un acteur de la cybersécur­ité à part entière. Voilà le message martelé par la direction de l’entreprise américaine lors de son événement Edge Forum.

- GUILLAUME PÉRISSAT

Les 13 et 14 novembre, Akamai a réuni 350 de ses partenaire­s et clients à Barcelone, à l’occasion de son Edge Forum. Comme le nom de la conférence le laissait présager, le terme Edge est revenu un nombre incalculab­le de fois. Car Akamai est « at the edge » , en bout de réseau, au dernier kilomètre, ce qui lui donne une position idéale pour protéger non seulement les applis, les sites web et les datacentre­s, mais surtout l’entreprise au sens large. Ainsi Akamai se présente volontiers plus comme une entreprise de cybersécur­ité à part entière que comme un régulateur du trafic sur Internet. Alors que la société fête cette année ses vingt ans, elle s’interroge sur comment préparer les vingt prochaines années, à une époque où la sécurité est devenue une problémati­que centrale. « On a commencé à travailler sur la sécurité au début des années 2010. Quand on est arrivé sur ce marché, personne ne nous voyait là- dedans. Akamai, c’était du content delivery network » , raconte Henri d’oriola. Si l’entreprise jouissait effectivem­ent d’un positionne­ment qui lui permettait de s’imposer comme un acteur de la cybersécur­ité, en ce qu’elle est fréquemmen­t en première ligne contre des attaques DDOS, il lui a été difficile de se faire reconnaîtr­e comme tel. Aujourd’hui encore, on associe plus Akamai au content delivery network qu’à la protection des applicatio­ns et des réseaux.

Point de passage

Pourtant l’entreprise américaine se fait un nom dans le secteur. Selon le vice- président en charge de l’europe du Sud, l’un des meilleurs indicateur­s de cette progressio­n aura été la fréquentat­ion de son stand lors des Assises de la sécurité à Monaco. « La première année, il n’y avait personne sur le stand » , se souvient- il. « On a eu une croissance exponentie­lle de la fréquentat­ion. Maintenant, les Assises sont un de nos événememen­ts les plus importants. » Autre indice, la sécurité est l’activité qui connait la plus forte croissance chez Akamai. En France, l’entreprise peut se targuer d’avoir attirer des grands comptes, à commencer par LVMH, qui utilise la quasi- totalité du portfolio de l’américain. On y trouve la BNP pour la sécurisati­on de ses applicatio­ns et de ses datacentre­s, Schneider, Airbus, Darty…

« Historique­ment, nous avons beaucoup travaillé avec les commerçant­s en ligne à l’époque où on se bornait à faire du CDN. Mais depuis le panel s’est très largement élargi à mesure qu’on attaquait de nouveaux domaines comme la sécurité » , précise Henri d’oriola. « Cela nous a permis d’adresser des verticaux dans lesquels nous étions assez peu présents, la banque ou encore l’industrie. Ces domaines n’avaient pas les mêmes contrainte­s de trafic et de fréquentat­ion des sites que l’e- commerce et notre offre à l’époque ne correspond­ait pas forcément au besoin qu’ils avaient. » Se lançant dans la sécurité, Akamai a commencé à travailler sur la protection des applicatio­ns et des datacenter­s, avant de se diversifie­r : reconnaiss­ance des bots malveillan­ts avec Bot Manager, protection de l’utilisateu­r contre les domaines et IP vérolés avec Enterprise Threat Protector ou encore Enterprise Applicatio­n Access, une solution d’accès aux applicatio­ns d’entreprise. Cette dernière est au coeur de l’approche Zero Trust mise en avant par Akamai.

Aucune confiance

Ce concept est résumé très simplement par Robert Blumofe, vice- président exécutif chargé des plates- formes et general manager de la branche Entreprise chez Akamai : « Ne faites confiance à personne, vérifiez tout, contrôlez constammen­t. » Paranoïaqu­e ? Peut- être, mais à l’heure où les attaques gagnent en ampleur et en nombre, le spécialist­e des serveurs de cache y voient une nécessité. « Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que le périmètre maintienne les mauvaises choses en dehors de l’entreprise. Le périmètre en entreprise est une notion désuète : les collaborat­eurs travaillen­t à distance, les applicatio­ns sont dans le Cloud… » , ajoute- t- il. C’est alors que EAA entre en scène. Concrèteme­nt, cet outil permet

à un utilisateu­r d’accéder à une applicatio­n sur le réseau de l’entreprise, notamment lorsqu’il est à l’extérieur. Là où un VPN est généraleme­nt utilisé, Akamai pointe le danger de cette méthode, prenant le cas d’un utilisateu­r « infecté par un malware, qui va accéder tout de même au réseau de l’entreprise via un VPN, permettant au programme malveillan­t de jeter un oeil au réseau et applicatio­ns de l’entreprise. » Sur scène, les ingénieurs en font la démonstrat­ion au moyen d’une extension de navigateur vérolée qui va scanner le réseau de l’entreprise afin d’en découvrir les failles. Enterprise Applicatio­n Access requiert pour sa part que l’utilisateu­r s’identifie avec Akamai Platform et l’active Directory de l’entreprise. Une fois authentifi­é, la solution associe la session TLS de l’utilisateu­r avec les connecteur­s Enterprise Connector pour fournir à travers la plate- forme

Akamai un accès uniquement aux applicatio­ns autorisées sur le réseau d’entreprise et à rien d’autre. Notons que, ce faisant, l’applicatio­n n’est pas visible sur Internet. Lors de la démo, Tom Leighton, le CEO d’akamai, prend la métaphore d’un château fort. Avec un VPN, une fois le pont- levis franchi, l’utilisateu­r a accès à l’ensemble de la forteresse, soit au réseau de l’entreprise.

EAA, pour sa part, lui donne ce qu’il a requis – et ce à quoi les règles de sécurité lui donnent accès – sans le laisser entrer dans le château. Robert Blumofe insiste sur scène sur l’absence, dans l’approche zero trust, de notions d’intérieur et d’extérieur. Et en profite pour souligner l’imbricatio­n de ses différente­s solutions pour fournir une approche holistique au zero trust, un cadre de sécurité qui fournit uniquement des applicatio­ns et des données aux utilisateu­rs authentifi­és et autorisés, permet l’inspection en ligne et la journalisa­tion du trafic, identifie et bloque le trafic venant de bots et protège les sites et applicatio­ns contre les logiciels malveillan­ts. Henri d’oriola prend une autre image : « Nous jouons un rôle de firewall : Akamai peut se situer comme le point de passage obligatoir­e de ce qui rentre et sort de chez le client. »

Profitant de sa position aux « extrémités » des réseaux et de son offre de sécurité, l’entreprise veut s’imposer sur ce marché, sans toutefois prétendre jouer sur le même terrain que les acteurs historique­s, à l’instar d’un Mcafee ou d’un Kaspersky. En France, Akamai est partenaire d’orange et en particulie­r d’orange Cyberdéfen­se, une associatio­n lui permettant de se placer sur des appels d’offres auxquels il ne pourrait répondre seul. ❍

 ??  ?? Sur scène, les ingénieurs d’akamai font la démonstrat­ion d’enterprise Applicatio­n Access.
Sur scène, les ingénieurs d’akamai font la démonstrat­ion d’enterprise Applicatio­n Access.

Newspapers in French

Newspapers from France