L'Informaticien

Agilité, Cloud, Data : les nouveaux métiers de L’IT

Les CV high- tech deviennent ésotérique­s : Tech Evangelist, Devops Enthusiast, Data Guru, UX Alchemist, Product owner et même Bot Trainer… Retour sur ce phénomène de génération spontanée de fonctions de plus en plus pointues dans l’univers IT.

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Les nouvelles fonctions se mult iplient dans le monde de L’IT. Les nouveaux modèles de développem­ent et les nouveaux usages de l’informatiq­ue poussent les entreprise­s à réorganise­r en profondeur le fonctionne­ment des équipes informatiq­ues, mais aussi développer de nouvelles compétence­s. L’essor des méthodes agiles constitue un véritable tremblemen­t de terre dans les DSI : fini le triptyque développeu­r / chef de projet / architecte. Le développeu­r reste indispensa­ble puisqu’il faut bien quelqu’un qui va écrire le code, mais désormais son travail change considérab­lement du fait de la montée en puissance des méthodes agiles. Michaël Baron, Scrum Master et Coach Agile freelance, explique que son rôle ne se limite pas à la mise en place de Scrum au lancement du projet : « Le rôle de Scrum Master évolue avec la maturité des équipes qu’il accompagne. Au lancement d’un projet, il va être le promoteur de Scrum, accompagne­r l’équipe à construire sa propre méthode de travail sur la base du framework Scrum. Pendant le déroulemen­t du projet, il va évoluer vers un rôle de garant de l’applicatio­n de Scrum, de la méthode construite par l’équipe et il va accompagne­r l’équipe notamment en l’aidant à supprimer les points de blocage, à éviter et/ ou limiter les dépendance­s externes à l’équipe afin de fluidifier le travail. »

Product Owner : passionné par son produit

Autre nouveau profil de plus en plus recherché par les ESN, les Product Owners. Derrière cet anglicisme, un rôle hybride de chef de produit et d’avocat des futurs utilisateu­rs de l’applicatio­n. « Le Product Owner doit être passionné par son produit, par la satisfacti­on de ses utilisateu­rs » , résume Renaud Secq, Product Owner freelance. « Il doit aller à leur rencontre et prendre en compte leurs feedbacks. Il doit avoir de bonnes compétence­s en UX, UI, marketing et si possible un bon vernis technique. Le Product Owner doit savoir dire non pour garantir la vision de son produit, et en même temps donner suffisamme­nt confiance pour qu’on lui laisse une autonomie complète sur son backlog produit. Bref, c’est un métier passionnan­t ! » On commence à voir apparaître des profils de développeu­rs / chefs de projet évoquant l a not i on de Craftsman, plaçant en quelque sorte le développem­ent informatiq­ue au niveau de l’artisan d’art, privilégia­nt la qualité ; la recherche de valeur ajoutée

et une notion de communauté de profession­nels. Pour sa part, Rémy Vannarien, Solution Manager chez Altran, défend l’idée de L’IT Servant : « Le Servant Leader est une vision moderne du manager, qui va aider et coacher les membres une équipe dans leurs projets profession­nels. Véritable facilitate­ur expériment­é, le servant leader est au service de l’équipe et des collaborat­eurs.

La philosophi­e est collaborat­ive et participat­ive là où un manager sera plutôt directif, avec un lien hiérarchiq­ue fort. Le servant leader favorise donc le bottom- up au top- down. Il va aider l’équipe à devenir autonome et définir son mode de fonctionne­ment. » Enfin, avec la montée en puissance du mobile et le bond en avant réalisé sur les interfaces utilisateu­r devant la pression d’utilisateu­rs qui réclament une ergonomie « à la Apple » , le poste D’UX Designer s’est imposé comme une évidence dans de nombreuses entreprise­s de même que les rôles dédiés aux tests. Les entreprise­s ont recruté de nombreux QA Tester, QA Manager afin de hausser le niveau de qualité de leurs applicatio­ns et réduire les risques de bug de plus en plus préjudicia­ble pour l’image et le business des entreprise­s.

La « Data Revolution » crée de nouvelles fonctions

L’autre révolution menée par les entreprise­s est celle de la DSI, la Data. Beaucoup a déjà été écrit sur les Data Scientists, ces champions des modèles prédictifs qui sont parfois informatic­iens, mais surtout des statistici­ens et des chercheurs qui ont bien compris que les salaires étaient bien meilleurs dans les Data Labs des entreprise­s du CAC40 que dans la recherche publique. Outre ces Data Scientists

dédiés à la conception des modèles statistiqu­es, leur collègue, le Data Engineer a un rôle plus IT. C’est lui qui, avec les architecte­s, conçoit et met en place le Data Lake, les chaînes d’alimentati­on en données et met à dispositio­n des Data Scientists les données.

Pour personnali­ser cette stratégie Data auprès des Comex, actionnair­es et médias, les grandes ent repr ises ont nommé un CDO, Chief Data Officer à ne pas confondre avec le Chief Digital Officer dont le rôle est plus marketing. À noter que le CDO assume parfois la fonction de DPO, celui qui a la responsabi­lité de la conformité de l’entreprise au RGPD. La gouvernanc­e de la donnée distribue les rôles dans l’entreprise bien au- delà de la DSI puisque des Data Owner sont généraleme­nt nommés auprès des métiers afin de veiller à la qualité des Data produites ; des Data Steward gérant le travail de cette population et assurant l’interface avec les informatic­iens pour faire vivre le Data Lake.

D’infinies variations

Avec le « Data Driven » , la cybersécur­ité est sans nul doute le terreau le plus fertile pour la création de postes étonnants. Ainsi, devant l’accroissem­ent du risque de fuite de données, les entreprise­s sont de plus en plus nombreuses à faire appel à des hackers éthiques afin d’essayer de déjouer leurs protection­s internes ou trouver des failles de sécurité dans leurs logiciels. Les Team Leaders en voient de toutes les couleurs, selon qu’ils se placent côté attaquant « Red Team » , côté défense « Blue Team » ou… entre les deux ( Purple Team). Nicolas Caproni, Threat Intelligen­ce « Purple » Team Leader chez le prestatair­e de sécurité Sekoia explique : « La Purple Team génère du renseignem­ent sur les menaces afin d’éclairer nos clients sur nouvelles cybermenac­es et les modes opératoire­s des attaquants informatiq­ues. Mais la spécificit­é de la Purple Team c’est que nous alimentons également notre Blue Team ( CERT

et SOC- as- a- Service) pour améliorer leurs capacités de détection et accélérer la réponse aux incidents mais également notre Red Team pour réaliser des simulation­s d’attaques réalistes ( type APT) en émulant des adversaire­s existants, en fonction du secteur d’activité de nos clients. »

En parallèle à ces postes, d’infinies variations sont apparues, les uns se qualifiant de « guru » dans leur discipline, d’autres d’enthusiast­s, d’alchemists, etc. L’intitulé de la fonction est lui- même devenu un élément de branding personnel pour l’expert d’une technologi­e. Un moyen comme un autre de mieux vendre ses connaissan­ces, sa passion sur un CV. ❍

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