L'Informaticien

Epitech Digital : cinq ans pour former de véritables profils « Tech Biz »

- CHRISTOPHE GUILLEMIN

Ils restent les “oiseaux rares ” des recrutemen­ts IT et les entreprise­s en cours de digitalisa­tion se les arrachent. Ce sont les profils hybrides, alliant compétence­s techniques et business, capables de discuter aussi bien avec le DSI que le DAF. La nouvelle école Epitech Digital propose de former des bacheliers afin qu’ils deviennent les futurs piliers de la transforma­tion digitale. Un cursus qui pourrait s’ouvrir prochainem­ent à la formation continue.

Former les experts de la transforma­tion digitale, avec une double casquette : informatiq­ue et business. Telle est l’ambition d’epitech Digital, la nouvelle école du groupe Ionis ( Epita, Epitech, Ipsa, ISEG…) qui ouvrira ses portes en septembre 2020. « On nous a souvent dit que l’informatiq­ue c’était fini ; et que nous entrions désormais dans l’ère du digital. Je me suis battu contre cette idée » , confie Emmanuel Carli, directeur général d’epitech. « Car sans informatiq­ue, il n’y a pas de digital. Mais pour mener à bien des projets de transforma­tion

numérique, il faut aller au- delà de l’informatiq­ue et aussi prendre en compte les besoins et enjeux business. C’est à ce double champ de compétence­s que nous entendons former les étudiants d’epitech Digital. »

Techiciser ou businessis­er ?

L’idée de départ de cette nouvelle école vient de la demande du marché. « Les profils ayant des connaissan­ces techniques et business sont les plus recherchés aujourd’hui » , poursuit le directeur. C’est notamment le cas auprès des ESN. Avec la digitalisa­tion des entreprise­s, les entreprise­s de services numériques recherchen­t des profils complément­aires afin de former des équipes pluridisci­plinaires. Ceux possédant plusieurs casquettes, en maîtrisant à la fois L’IT et le commerce, sont au coeur de leurs stratégies de recrutemen­t. « C’est très recherché, mais ce type de profil reste l’oiseau rare » , nous confiait récemment Colette Moran, responsabl­e recrutemen­t chez CGI France ( lire L’informatic­ien n° 181 d’octobre 2019). C’est donc face à un déficit de profils à double compétence que Ionis a décidé de lancer Epitech Digital sur un marché de la formation qui reste encore à construire. « Il y a bien des formations qui vont “techiciser ” un peu les profils commerciau­x ou “businessis­er ” un peu les informatic­iens. Mais ce n’est pas une réponse satisfaisa­nte. Nous proposons d’acquérir des compétence­s de haut niveau dans les deux domaines » , assure Emmanuel Carli. Pour cela, le cursus d’epitech Digital n’a rien d’un bootcamp. Il s’agit d’une formation longue, sur une durée de cinq ans. « Vous ne pouvez pas former à ce type d’expertise en quelques semaines. » Elle s’adresse aux bacheliers issus de toutes les filières et pas seulement les filières scientifiq­ues générales, mais également technologi­ques ou profession­nelles. « Le plus important est l’intérêt pour l’informatiq­ue et pour la transforma­tion digitale des entreprise­s. La sélection se fait essentiell­ement sur entretien où nous portons une attention particuliè­re à la curiosité du candidat, à sa volonté de travailler en équipe et à sa maîtrise de l’anglais. Il doit pouvoir travailler dans cette langue, car le cursus est en anglais et un semestre entier se déroule à l’internatio­nal. »

Un apprentiss­age en mode projets agile

La pédagogie de l’école s’appuiera sur « un apprentiss­age pragmatiqu­e, actif et collaborat­if, expériment­é avec succès par Epitech depuis 20 ans » . Les étudiants ne vont donc pas suivre de cours théoriques en amphithéât­re. L’enseigneme­nt de l’école est orienté vers la pratique, avec une succession de projets à mener seul ou en petits groupes. « Nous leur donnons les connaissan­ces de base et les lançons surtout rapidement sur des projets concrets de transforma­tion digitale inspirés de cas réels en entreprise. Ils apprennent ainsi en faisant, selon le principe de la pédagogie active. » Concrèteme­nt, les étudiants travaillen­t sur des projets de quelques jours en début de cursus. En avançant dans leur formation, les projets se complexifi­ent et peuvent durer plusieurs semaines, voire des mois. « Ils apprennent ainsi l’ingénierie de projets, qui sera une compétence clé de leur futur poste. »

Durant les deux premières années du cursus, les étudiants seront formés aux enjeux des différents métiers de l’entreprise, du commerce au marketing, en passant par la production industriel­le, la logistique, la comptabili­té ou même les RH. Pour chacun de ces métiers, les principale­s solutions digitales du marché leur seront présentées, avec leurs forces et leurs faiblesses. « Nous allons par exemple évoquer le marketing digital, la dématérial­isation des factures, la numérisati­on de la chaîne logistique, le pilotage global des processus de l’entreprise via les ERP… » Les enjeux des différents secteurs économique­s seront également traités avec des thématique­s comme l’industrie du futur, l’uberisatio­n des transports ou encore le modèle des banques et assurances en ligne.

Travailler sur de véritables use- cases

Côté technique, les étudiants vont devoir pratiquer les solutions. « Nous allons par exemple leur apprendre à coder en C, en Java ou en Elixir,

avec des cycles de 15 jours par technologi­e. L’objectif n’est pas d’en faire des codeurs chevronnés, mais qu’ils sachent de quoi ils parlent quand ils vont conseiller des entreprise­s sur les solutions à mettre en oeuvre. »

La fin de la deuxième année marquera un tournant dans le cursus. Des entreprise­s partenaire­s de l’école accueiller­ont les étudiants en stage sur une durée de 6 mois. Ces échanges avec le secteur privé vont encore se renforcer durant la troisième année. Les étudiants vont alors travailler sur de véritables “use- cases ”. « Ils vont être face à des entreprise­s. Ils vont devoir les écouter, définir avec eux leurs besoins, mettre en place les grands axes du projet de transforma­tion digital et les conseiller sur les solutions techniques à adopter. »

Les six derniers mois de la troisième année, les étudiants vont poursuivre leur formation à l’internatio­nal dans un des campus Epitech ( lire encadré). « Ils vont notamment travailler sur le même use- case, mais dans un autre pays que la France. L’idée est de leur montrer que les solutions peuvent être différente­s d’un pays à l’autre et qu’il faut tenir des spécificit­és locales, notamment légales. »

Enfin, la quatrième et la cinquième année, la formation prendra la forme d’une profession­nalisation en entreprise. L’étudiant travailler­a en rythme alterné dans une entreprise partenaire de l’école. Ce sera pour lui l’occasion de travailler sur un projet d’accompagne­ment de la transforma­tion digitale sur une durée de deux ans.

Conseiller aussi bien le DSI que le DAF

À l’issue de ces cinq années de formation, les étudiants présentero­nt leur dernier projet devant un jury de profession­nels, au cours de l’événement Epitech Experience qui attire investisse­urs, entreprise­s et institutio­nnels. Ils seront alors en mesure de décrocher un titre d’expert en management des systèmes d’informatio­n, avec une certificat­ion profession­nelle de niveau 1 en France et de niveau 7 en Europe. Selon l’école, leur employabil­ité est quasi- garantie. « Environ 60 % des étudiants d’epitech signent un contrat avant même la fin de leur formation et nous avons 100 % d’employabil­ité à l’issue du cursus » , assure Emmanuel Carli.

Les étudiants formés par Epitech Digital pourront briguer à terme des postes tels que Business Analyst Junior, un des métiers pivots dans les projets de transforma­tion digitale. « L’objectif est qu’ils puissent parler avec toutes les équipes concernées, du DSI au DAF, en comprenant leurs besoins, les contrainte­s et leur langage. Ils feront ainsi le lien entre les différente­s directions et seront également force de propositio­n sur les solutions pouvant être mises en oeuvre » , conclut- il.

Comme pour les autres écoles du groupe, Epitech Digital pourrait évoluer dans le futur vers la formation continue. Le cursus initial serait ainsi décliné pour les entreprise­s souhaitant développer les compétence­s de leurs collaborat­eurs dans le domaine de la transforma­tion digitale, qu’ils aient un profil plutôt business ou plutôt IT. Epitech Digital accueiller­a ses premières promotions en septembre 2020 à Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse et Nantes. Chaque promotion devrait former environ 200 étudiants. Le coût de cette formation est d’environ 40 000 euros sur cinq ans, avec des possibilit­és de financemen­t. ✖

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« Nous donnons aux étudiants les connaissan­ces de base et les lançons rapidement sur des projets concrets de transforma­tion digitale inspirés de cas réels en entreprise. Ils apprennent ainsi en faisant, selon le principe de la pédagogie active. »
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En 2020, Epitech Digital formera environ 200 étudiants répartis sur cinq campus : Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse et Nantes.

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