L'Informaticien

IBM vs Google : bataille pour la suprématie quantique

Bataille pour la suprématie quantique

- A. C.

Google a- t- il vraiment atteint la suprématie quantique ?

Les experts D’IBM réfutent cette allégation, simulation en main, une attaque à laquelle ont déjà répondu les grosses têtes de Mountain View.

La fuite a eu lieu sur le site de la NASA. L’annonce de la conquête de la suprématie quantique par Google a sans doute déclenché une tempête dans les couloirs du Watson Research Center de Yorktown Heights. Car IBM, qui mise sur les calculateu­rs quantiques pour se redonner l’image d’une entreprise innovatric­e, s’est vue renvoyé dans ses buts par Google. Un camouflet pour la toute puissante recherche D’IBM par une équipe de chercheurs internatio­naux rassemblés par Google à Santa Barbara en Californie il y a 13 ans.

Un calcul de 10 000 ans qui ne prendrait finalement que… 2,5 jours ?

Dans la vidéo publiée par Google pour détailler son succès, Marissa Guistina, chercheur au Google Quantum A. I. Lab, rappelle qu’atteindre la suprématie quantique requiert trois étapes : construire les circuits quantiques ; les faire confection­ner ; enfin, simuler le même calcul sur un ordinateur d’architectu­re classique. C’est bien cette troisième étape que les chercheurs D’IBM contestent. L’article de Google explique que le calcul mené en 200 secondes par leur calculateu­r Sycamore aurait nécessité 10 000 années de calcul. Les chercheurs D’IBM estiment qu’il ne faudrait en fait que 2,5 jours pour le mener à bien avec, de surcroît, des résultats bien plus précis, donc pas de quoi clamer la suprématie quantique tant convoitée. Bien évidemment, les Ibmers ont étayé leurs affirmatio­ns avec leurs propres simulation­s montrant qu’avec 53 Qubits et 20 cycles de calcul, la simulation de l’algorithme de Schrödinge­r- Feynman implémenté par Google pouvait ne délivrer son résultat qu’au bout de 2,5 jours de travail. Ce calcul a même fait l’objet d’un papier de recherche de 39 pages qui a été publié sur l’archive ouverte arxiv de l’université de Cornell pour mieux souligner le sérieux de l’analyse.

Bataille de simulation­s entre équipes de recherche

Face à cette attaque en règle de leur simulation, les chercheurs de Google ont répliqué dans l’article de blog où a été relayé l’article de Nature. Ceux- ci campent sur leur position, le calcul délivré en 200 secondes par Sycamore aurait bel et bien nécessité 10 000 années de calcul au plus puissant supercalcu­lateur. Les Googlers expliquent avoir fait monter progressiv­ement le nombre de Qubits mieux en puissance, passant progressiv­ement de 12 Qubits à 53 Qubits en s’assurant de la performanc­e du calculateu­r quantique par rapport aux simulation­s et aux modèle théorique.

Enfin, en faisant monter le nombre de Qubits jusqu’à 53, cela a permis, selon eux, de passer sous le régime de la suprématie quantique. IBM mauvais joueur dans la défaite ? Ou Google trop optimiste dans son triomphe ? Seuls les physiciens quantiques peuvent désormais départager IBM et Google dans cette querelle byzantine. Le comité scientifiq­ue de lecture du magazine Nature a en quelque sorte tranché la question. L’article qui avait initialeme­nt fuité sur le site de la NASA en septembre a bel et bien été publié dans la revue scientifiq­ue le 23 octobre dernier dans une version quelque peu modifiée et enrichie d’un encadré titré Demonstrat­ing Quantum Supremacy qui est une réponse directe à l’attaque D’IBM.

IBM va- t- il finalement laisser la victoire de cette bataille à Google, rien n’est moins sûr, mais la prochaine sera certes moins symbolique, mais sûrement bien plus significat­ive dans l’évolution des calculateu­rs quantiques. Il s’agit maintenant d’être le premier à faire tourner et surtout commercial­iser un calculateu­r quantique de classe NISQ, c’est- àdire disposant d’un nombre suffisant de Qubits pour implémente­r des algorithme­s de correction d’erreur. Dès lors, le calculateu­r quantique pourra quitter les labos et ouvrir la voie à des algorithme­s véritablem­ent utiles pour la recherche et les entreprise­s. L’occasion d’une revanche pour IBM ? ✖

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Pour immortalis­er ce moment clé de l’histoire de l’informatiq­ue quantique, Sundar Pichai, le CEO de Google s’est fait prendre en photo devant le calculateu­r quantique Sycamore.
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IBM qui annonçait en début d’année commercial­iser le premier calculateu­r quantique de classe commercial­e conteste vivement la suprématie quantique clamée par Google. Pourra- t- il battre ce dernier dans la course aux machines NISQ ?
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Réplique de Google à l’attaque D’IBM : le calculateu­r quantique configuré à 53 Qubits a bien fonctionné sous régime de suprématie quantique lorsque le calcul était sur 20 cycles.

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