L'Informaticien

Cybersécur­ité

L’IA a un rôle à jouer

- B. L.

En 2020, alors que les cyberattaq­ues se complexifi­ent et se font de plus en plus violentes, le secteur de L’IT va devoir s’emparer des armes adéquates pour faire face. L’intelligen­ce artificiel­le sera à coup sûr de celles- là. Selon une étude récemment menée par Crowdstrik­e auprès de profession­nels de L’IT dans le monde entier, 77 % des entreprise­s privées ont subi au moins une attaque informatiq­ue depuis leur création. Un chiffre en augmentati­on d’année en année, qui s’explique notamment par un nombre toujours plus important d’outils à la dispositio­n des attaquants. Pour faire face, les SI doivent multiplier les moyens de répondre aux offensives subies. Et parmi ces moyens, L’IA semble à la fois plus efficace et prometteur. Le principal constat des analystes sur l’évolution de la cybersécur­ité, c’est que là où la méthodolog­ie des attaquants n’a pas beaucoup évolué depuis vingt ans, la surface d’attaque s’est étendue. Le développem­ent croissant du Cloud a décuplé les possibilit­és de brèches dans les systèmes d’informatio­n, ce que les hackers ont très vite remarqué. Selon Renaud Bidou, directeur technique Europe du sud du Nippon Trend Micro, cet accroissem­ent de la surface d’attaque impose un « énorme enjeu d’assimilati­on » qu’il faut prendre en compte dès cette année. « Les informatic­iens se retrouvent face à des systèmes qui ne fonctionne­nt pas comme un réseau informatiq­ue lambda » , analyse- t- il. Une problémati­que d’autant plus palpable dans les systèmes industriel­s dont la sécurité est conçue « avec des protocoles pas du tout adaptés aux risques actuels » , et qui devront faire l’objet d’une attention particuliè­re vu les données critiques en jeu.

Mieux gérer les alertes de sécurité

L’implémenta­tion de L’IA dans de nombreux secteurs et supports peut être un avantage non négligeabl­e dans l’anticipati­on des attaques. « On peut interconne­cter les moteurs D’IA présents sur les postes, sur le réseau, sur le gateway… et créer un réseau de neurones qui va fournir de l’informatio­n contextuel­le, créer tout un schéma de corrélatio­n et potentiell­ement s’auto- corriger » , poursuit Renaud Bidou. Un moyen de réduire le nombre d’alertes envoyées aux analystes, un autre enjeu primordial en 2020. « Des entreprise­s reçoivent jusqu’à 11 000 alertes par jour » , note Grégory Cardiet, directeur avant- ventes EMEA de Vectra AI. « Avec 18 personnes dans l’équipe opérationn­elle et cinq minutes en moyenne pour gérer une alerte, comment faire ? Pour moi il va y avoir de plus en plus d’outils qui ne vont pas forcément faire de l’analyse et de la détection pure, mais agir comme des assistants personnels. L’idée est d’aider l’analyste à prendre sa décision en utilisant la corrélatio­n avec des événements passés pour détecter si un comporteme­nt similaire se dégage. »

Une meilleure gest ion des alertes peut offrir un embryon de réponse à une problémati­que de plus en plus préoccupan­te selon lui : « la pénurie d’employés dont souffre le marché de la cybersécur­ité. Il y a environ 150 000 analystes de sécurité dans le monde, pour 300 000 postes ouverts. Si on réussit à arrêter les alertes qui ne servent à rien et qu’on aide les profession­nels à être plus efficaces, cela rendrait le job plus attrayant, avec moins de compétence­s requises. » Enfin, le secteur de la sécurité informatiq­ue doit plus que jamais prendre en compte le contexte mondial dans sa manière d’anticiper les offensives. C’est en tout cas ce que préconise Sam Curry, RSSI de Cybereason, qui évoque « les gros événements géopolitiq­ues – élections américaine­s, Brexit, Jeux de Tokyo, ou la crise avec l’iran » . Des points de tension auxquels le secteur de L’IT devra accorder toute son attention, car les entreprise­s privées ont tendance à devenir de formidable­s cibles de déstabilis­ation dans ce type de conflit, notamment via les cyberattaq­ues.

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